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It's the end when I begin
Dans cet établissement pas de discrimination, tout le monde demeure sur un pied d’égalité : vampires, humains, loup-garous, succubes et autres créatures. Pour ce faire il est naturellement obligatoire de conserver une forme humaine. Marre du monde des humains où vous vous sentez à l’étroit, mal à l’aise ? Il vous manque simplement la liberté. Le pensionnat est là pour vous. Nous saurons vous trouver où que vous soyez et qui que vous soyez.Cependant derrière tout ces aspects d’égalité et de liberté les plans se trament et la tentation de hausser sa race en influence au sein de l’établissement apparaît. Les tensions montent secrètement et lentement entre les différents individus et l’odeur âpre de la confrontation entre celles-ci commence à ce faire sentir. Sous des airs angéliques vos voisins de table peuvent très bien vous haïr. Tout n’est que voile et mensonge. Maintenant à vous de faire votre entrée, qui que vous soyez, quoi que vous soyez. Continuerez vous le jeu malsain qui se joue dans l’établissement ou vous dresserez vous contre celui-ci en faisant éclater la vérité au grand jour ? Saurez vous passer « de l’autre coté » ?
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L'ivresse et ses chimères [PV]

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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeDim 25 Déc - 15:32

  Le vendredi n’avait pas été sa journée. Elle avait très mal commencée, les informations ayant prévu de fortes pluies durant l’après-midi. Cela ne l’aurait pas trop dérangé, s’il n’avait pas été obligé de sortir à Owariashi. Lui pouvait s’y rendre plus souvent que les élèves, mais n’en profitait pas pour autant. Le golem haïssait devoir fréquenter tous ces humains. Des morceaux de viande, voilà tout. A l’existence pénible, nocive… Incapables de survivre les uns sans les autres. Des termites qui transformaient tout ce qu’elles dévoraient, dans un vacarme assourdissant à vous fendre le crâne. Et tout changeait si vite, trop vite. Harlie avait pris goût à la vie recluse de The Other Side et de plus en plus, se sentait menacé par ces villes grouillantes. Pourtant, Owarashi était minuscule, comparée aux grandes capitales qu’il avait dû visiter au cours de ses péripéties. Ses sens étaient peut-être trop aiguisés. Ses yeux, habitués à scruter les horizons ne supportaient plus ce désordre des couleurs, des formes et des lumières. Ses oreilles, sensibles au roulement des pierres et aux grincements des parquets s’effaraient face aux cris des jeunes enfants riant. Son toucher, habitué à sentir la plus légère brise souffrait des coups d’épaules des passants pressés. Les parfums des jeunes femmes semblaient lui mettre du coton imbibé d’alcool à désinfecter dans les narines. Seul son palais appréciait les agglomérations, aimant s’égarer dans restaurants les plus goûteux de la ville. Savourant chaque sashimi, chaque udon. S’arrêtant à chaque marchand ambulant pour en déguster les mets. Harlie, qui normalement mangeait si peu, semblait se transformer en ogre aux goûts riches à chaque sortie en ville. Cela tombait plutôt bien, il avait rendez-vous avec Bêlit au sein d’un des meilleurs restaurants d’Owariashi. Certes, ce ne serait pas une partie de plaisir. Harlie appréciait les petits restaurants, pour l’intimité qu’ils offraient. Les places luxueuses ne l’intéressaient guère. Votre voisin de droite qui d’un coup d’œil vérifie toutes les cinq minutes si vous tenez bien vos baguettes, celui de derrière qui tente de saisir le sens de votre conversation parce que celle de sa table est trop ennuyeuse… Mais ce n’était pas cela qui plus le gênait.

Le golem avait dû quitter son style vestimentaire quotidien pour une chemise et un pantalon à pinces. Quoiqu’il avait conservé les baskets, car n’avait pas autre chose à mettre à ses pieds. Toutes blanches, qui contrastaient avec son habit entièrement noir. Or, aussi étrange que cela puisse paraître, Harlie portait tout cela merveilleusement bien. Son pantalon était quelque peu large, pour lui laisser une certaine aisance. Sa chemise s’étirait et se déformait avec ses gestes, laissant à deviner ses muscles forts à chaque pas qu’il faisait. Tout cela se déplaçait avec une grâce exquise. Machine de guerre aux rouages parfaitement huilés. Le monstre ne revêtit pas par dessus une veste, appréciant peu les vêtements qui lui faisaient des épaules plus larges qu’il n’en avait déjà. Un simple gilet à boutons, noir avec sur les finissions une rayure grise fut jeté sur sa haute stature, cachant quelque peu les formes de ce corps qu’il n’aimait pas. Le seul problème qu’avait Harlie, c’est que le tissu de laine remontait au-dessus de ses fesses, refusant de les camoufler. Par le sang de tous les damnés, étaient-elles si grosses que cela ? Les mains du golem descendirent le long de la forte cambrure de son dos, cherchant à lisser le gilet pour qu’il descende un peu plus. Peine perdue. Il se repliait à peine deux minutes passés en accordéon au-dessus de sa croupe. Le brun abandonna et se concentra sur son faciès. Se donner quelques coups de brosse serait bien inutile, vu la longueur de sa toison. Il mit ses lunettes, sachant que Bêlit avait un faible pour les hommes ayant un aspect intellectuel. C’était d’ailleurs la démone qui avait choisi la monture de ses lorgnons. Même, c’était elle qui l’avait obligé à en porter, à peine avait-il dit que travailler toute la journée sur l’ordinateur lui faisait parfois mal aux yeux. Même, la démone désirait que le golem les porte toute la journée. Combien de monstres au sein de l’établissement portaient des lunettes ? Etrangement peu. Le golem se sentait quelque peu spécial de ce côté-ci, mais c’était loin d’être flatteur. C’était une faiblesse.

Le brun quitta le pensionnat vers dix-neuf heures. Il n’avait pas plu une goutte de la journée, mais des nuages continuaient à s’amonceler là-haut dans le ciel. Il n’avait pas de manteau. Juste une écharpe de laine et une paire de gants de cuir. Harlie savait que s’il apparaissait habillé comme un adolescent, sa tutrice lui ferait la peau. Certainement serait-elle moulée dans une de ses plus belles robes, ses cheveux blonds artistiquement placés autour de son beau visage lunaire et désirerait à son bras un cavalier tout aussi rayonnant qu’elle. Quoiqu’Harlie doutait que cela soit possible ; il avait le donc pour transformer le plus rigide des costumes en quelque chose d’aussi habillé qu’un jogging. D’ailleurs, quand Bêlit le vit poindre le bout de son nez, elle s’empressa de remettre droit son col et essaya, à son tour, de faire passer son gilet plus bas que ses reins. Harlie grogna, elle soupira et se promit de lui faire faire des chaussures sur mesure. La démone savait bien que si l'intendant ne cherchait pas autre chose que des baskets, c’est qu’il se sentait trop peu à l’aise dans des souliers plus habillés. Leurs semelles claquantes, leurs bouts trop grands.

Le repas se passa plutôt bien. La blonde ne posa pas trop de questions indiscrètes au brun et tous les deux burent plus qu’ils ne mangèrent. Oui, l’intendant but quelques sakés. Pas plus de six verres, mais c’était suffisant. Le brun n’avait pas l’habitude de l’alcool, se refusant normalement à en consommer la moindre goutte. La peur de perdre le contrôle, de se faire abuser du fait de l’amenuisement de ses capacités intellectuelles sous l’effet des liqueurs. Hélas, la blonde savait le faire plier. Elle avait utilisé des mots comme « peur », « vrai homme ». « Tapette ». Harlie ne supportait pas qu’on remette en cause sa masculinité et encore moins qu’on le rabaisse. C’était bête, il le savait. Se mettre en danger pour quelques syllabes. Mais les mots, dit-on, ont bien souvent autant de portée que les actes. Une insulte peut être un coup. Un mot doux une chaude caresse. Anormalement gaie, Bêlit ne cessait de piailler. Le golem ne l’écoutait qu’à moitié, ayant l’impression de cogiter à reculons. Harlie finit par quitter Owarashi plus tard qu’il ne l’avait prévu et décida de faire la route à pieds. Pourtant, le chemin était long et ennuyeux. Le ciel noir et les environs dangereux. Le froid était mordant, porté par le vent. Mais l’intendant sentait qu’au moindre cahot de la route, il aurait vomi dans le taxi s’il avait décidé de rentrer de façon motorisée. Mal lui en prit, toute la pluie qui n’était pas tombée au cœur de la journée s’affala sur la terre, le trempant jusqu’aux os. Cela le dégrisa, mais lui mina le moral malgré la soirée agréable qu’il avait passé. Ce fut transi de froid, mouillé comme s’il venait tomber dans la piscine, tenant un mal de tête ignoble et se sentant faible comme s’il n’avait pas dormi de la semaine qu’Harlie enfin regagna le hall du pensionnat. Voilà quelque chose à ne pas raconter à Bêlit, qui sinon se moquerait bien de lui. Quel zouave était-il. Préférant ne pas penser à sa surprenante sottise Harlie se dirigea vers ses appartements, pensant à la douceur de son lit qu’il chaufferait de quelques bouillottes. Ce fut comme si on l’électrifia quand dans ses poches il enfouit ses mains. Il essaya celles de devant, de derrière. Celles du gilet. Plus de clefs. Quelques jurons s’échappèrent d’entre ses lèvres alors qu’il vérifia pour la troisième fois dans une même poche. Toujours aussi vide. Les plus horribles pensées traversèrent sa caboche. Sur son trousseau se trouvaient les clefs de sa chambre, certes. Mais aussi de sa moto (qu’il n’utilisait que trop rarement) et de l’intendance. Et dans l’intendance, il y avait toutes les autres clefs. Mais aussi tout un tas de papiers importants. Si c’était quelqu’un d’extérieur au pensionnat, cela ne posait pas trop de problèmes. Qui connaissait l’existence de ce lieu, à part ceux y résidant ? Ah, que cela ne soit pas la farce d’un élève ! Ce serait une catastrophe. Cherchant à se rassurer, Harlie se dit qu’il avait dû les laisser sur la table du restaurant. L’intendant les avait enlevées de sa poche car elles rentraient dans sa cuisse à chacun de ses mouvements. Certes, il n’y avait que trois clefs mais avec elles pendaient quelques porte-clefs peu discrets. Des porte-clefs aux couleurs vives, pour qu’il puisse les repérer au premier coup d’œil.

Qu’importent où elles étaient tombées. Le problème était qu’il était bloqué hors de son lieu de vie et ne pouvait pas aller chercher le double de ses clefs, gardées dans le bureau d’un des deux directeurs. C’était bien la première fois qu’Harlie perdait son trousseau… Ah, l’alcool. Voilà pourquoi cela lui faisait peur. Lui, à qui normalement rien n’échappait. Un coup d’œil à son portable lui indiqua qu’il n’était pas loin d’être une heure du matin. Toquer chez un compère était impensable, cela voudrait dire qu’il leur redevrait quelque chose. De plus, qui connaissait-il assez bien pour oser le déranger à une telle heure ? Et pour dire quoi ? Qu’il avait perdu ses clefs ? Ah, mais que pouvaient-ils donc faire face à cela. Et ses deux chats, avaient-ils de quoi se nourrir, de quoi boire ? Les avait-ils fait rentrer avant de s’en aller, ou s’étaient-ils prit la même saucée que lui ? Avaient-ils trouvés un abri ? Les pensées du golem étaient confuses. Il n’était plus sûr de rien. Ses lèvres étaient bleuies par le froid et le tissu collant de sa chemise lui rappelait qu’il était trempé. Un éternuement lui dit qu’il allait tomber malade s’il restait habillé ainsi.

C’est là que la figure d’Albertina se rappela à lui. Le golem avait la sensation de la connaître depuis si longtemps… Quand elle avait quitté la dernière fois son bureau, elle avait dit qu’il pouvait faire ce qu’elle voulait de son courrier. Le garder, le brûler. Il avait décidé de le lire. Des pages et des pages d’une écriture fine, ne parlant que d’une seule personne. La mère d’Albertina. Une mère qui écrivait à sa fille pour ne parler que d’elle-même. Mais au moins, elle lui écrivait. Lors de ses périples, combien de lettres lui avait envoyé Simcha ? Pas une. Et pourtant. Une mère qui n’aimait pas sa fille lui écrivait quand même. Certes, pour ne faire que parler de sa propre personne. Mais lui écrivait. Cela l’avait quelque peu remué. Sa créatrice ne l’avait donc jamais aimé ? N’avait-il été qu’un objet, une expérience ratée ? Peut-être l’envie d’avoir une mère avec laquelle correspondre fut ce qui le poussa à répondre à toutes ces épîtres vides. Bien qu’elles ne lui soient pas destinées. Bien qu’elles n’attendaient pas de réponses. L'intendant lui transmit les notes de la jeune sirène. Puis, lui rapporta quelques-uns de ses faits. Lui posa des questions. Le golem ne savait ce qui était vrai ou faux. Il connaissait la capacité des gens à déformer, à inventer. Albertina était-elle vraiment comme la décrivait sa prétendue mère ? Perdue, damnée des feux de la luxure, ouvrant son entrejambe à chaque nouveau visage ? N’était-ce pas juste ce que voulait percevoir cette femme quelque peu aigrie ? Où était le mal, lui-même cédait si souvent à ses pulsions. Mais on le lui reprochait. On lui reprochait la même chose qu’à Albertina. Céder. Harlie refusait de croire qu’elle n’était qu’un sexe. Bien qu’elle y ressemblait. Qu’elle voulait y ressembler. La rousse lui avait bien fait quelques suggestions… elle avait dit vouloir l’aimer et lui n’avait pas voulu se faire aimer. Les mots qu’elle avait utilisés… des mots si doux. Romantiques, et non bestiaux. Mais ce n’était que tromperie. Harlie avait des oreilles partout et savait que la jeune sirène très vite se lassait de ses amants. Pourquoi donc cela l’intéressait ? Pourquoi s’était-il tant insinué dans sa vie, jusqu’à contacter sa famille ? Il est vrai que le golem aimait tout savoir des êtres l’entourant. Leurs forces, leurs faiblesses. Pour mieux les manipuler. Pour jamais ne se faire surprendre. Mais n’allait-il pas un peu trop loin ? De plus, combien de traces laissait-il dans son sillage. Toutes ces lettres envoyées, toutes ces preuves de son action. Le brun était moins prudent qu’à son habitude. Et surtout, plus gourmand. Plus curieux. N’avait-il déjà pas assez d’éléments pour faire souffrir la sirène ? Qui d’ailleurs avait juré ne plus jamais croiser son chemin. Qui jamais ne serait à lui. Elle ne le voulait plus. Il n’en avait pas le droit.

Ses pas le menèrent vers le dortoir des filles. Silencieux comme son ombre, l’intendant se mouvait entre toutes ces portes. Il n’y avait personne mais le brun savait que ce n’était pas pour autant qu’il était en sécurité. Tous ces monstres aux pouvoirs les plus étranges. Certainement certains guettaient ses pas, voyaient ses pensées. Qu’importe. Qu’ils le dissèquent. Son corps lourd, grelottant, n’avait pas d’envies inconvenantes. Juste l’envie de se réchauffer. De récupérer ce pull qu’elle avait emporté et ne lui avait pas encore rendu. Cela faisait une semaine. Peut-être plus. Cela lui semblait des mois. Des mois sans entendre le grelot de sa voix, sans voir ses formes joueuses. Cela ne l’avait pas empêché de continuer de fantasmer, des heures entières sur cette sirupeuse demoiselle. Des fois il la saignait, la faisait hurler. D’autres fois c’était à l’aide de caresses qu’il la faisait gémir. Tous ses fantasmes, toutes ses envies. Quand il avait des envies de poisson, c’était Albertina qui lui apparaissait. Des envies de meurtre, le visage peiné de la sirène. Quand il baisait ces putes sans goût, il s’imaginait être avec elle. Quel sortilège l’entourait ? Le golem détestait ne pas avoir ce qu’il désirait. Et cela devenait si intense. Cela le rongeait. Même ses nuits sans rêves étaient hantés par cette silhouette aquatique. C’en était cauchemardesque. En même temps, elle lui semblait si lointaine. Comme si finalement, elle n’avait existé que dans ses songes. Oui. Elle ne devait avoir existé que dans ses songes. Et dans cette chambre, dont il avait retenu le numéro. Dont il connaissait le chemin. Il n’y avait personne. Il ne devait y avoir personne.

Harlie toqua quatre fois à la porte, certain que personne ne viendrait lui ouvrir. Il resterait, dans ce couloir sombre et glacial. Humide, tenant à peine sur ses jambes. Les joues rougies par l’alcool, l’esprit embrumé. Les gestes imprécis, les pensées incompréhensibles. Il voulait avoir chaud. Il voulait son pull. Peut-être autre chose. Des bras chauds. Des bras qui n’existaient pas. Albertina n’avait été qu’une création de son esprit. La sirène ne pouvait pas exister. Tellement il l’avait repoussé, tellement il ne voulait y penser. Pourtant, elle le hantait. Tellement qu’il ne savait plus à dire ce qui était vrai de ce qui était faux. L’alcool l’aidait à oublier les barrières du monde.

Tout ce mélangeait. Albertina n’existait pas. Harlie eut envie de s’effondrer, devant cette porte close. Son visage défait, ses épaules basses.
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeLun 26 Déc - 16:09

Il est tard, très tard même. Ou peut-être tôt. Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Parce que le sommeil n'est pas de son côté en cette nuit pluvieuse, parce que l'insomnie la garde bien serrée dans ses griffes, la conserve jalousement pour elle, sans vouloir partager sa beauté avec Morphée. Égoïste. Un mot qui revient bien souvent dans l'esprit malmené d'Albertina. Surtout la concernant. Elle se trouvait aussi sale qu’égoïste. Mais ne faisait rien pour le changer. Car elle ne savait pas comment faire, et peut-être, n'en avait pas la volonté ni la motivation suffisante. Et sa vie s'en retrouverait bien vide si elle cessait d'être ce qu'elle était, sirène nageant en eaux troubles, remouds berceaux de luxure et de vices. Alors, elle ne faisait rien, et se morfondait silencieusement une fois seule dans sa chambre, allongée sur son lit, fixant ce plafond blanc, portant de légères ombres par moment.

Cette journée justement, avait été des plus banales pour toi. Rien de différent qu'à l'accoutumée, un enchaînement d’évènements quotidiens et presque lassants à la longue. Tu t'en rends bien compte, plus le temps passe, et plus tu te lasses rapidement des choses, toujours en quête de nouveauté, de différence. Sauf qu'à force de tout délaisser, il ne reste plus rien de nouveau à expérimenter. Se retourner vers ce qui avait été délaissé plus tôt ? Très peu pour toi. Tu sais très bien que ce n'est pas ton genre, que ça n'entre pas dans ton caractère. Ni ta façon d'être. Alors tu te prépares à finalement tout avoir derrière toi, et plus rien pour toi plus rien pour être moins seule. Tu te dis que peut-être, tu devrais garder certaines personnes avec toi. Que tu ne devrais pas tout jeter, et oublier ta lassitude qui trop facilement t'étouffe.

Chaque matin ou presque, elle se levait, sans trop se presser. Venait le temps de se doucher, pour se réveiller un peu, avant de choisir sa tenue avec soin, pour finalement passer au moment de se coiffer, et de se maquiller, après s'être vêtue. Une fois cela fait, elle allait manger, avant que le temps des cours n'arrive. Histoire, littérature, géographie, ou encore, des cours plus spécifiques aux monstres. Des choses qui petit à petit, l'ennuyaient. La rousse n'était pas une intellectuelle, certes. Mais elle restait une demoiselle intelligente qui, la plupart du temps, arrivait à assurer des notes acceptables. Pas moyennes, ni très bonnes. Juste acceptables. Et cela, sans faire de charme à ses professeurs. Non. Sa beauté, elle ne comptait pas la mettre au service de sa réussite, c'était contraire à ce qu'elle pensait, c'était... Illogique.

Et puis. Le reste de la journée. La pause de midi pour aller manger, et flirter avec quelques jeunes hommes bien séduisants, ou demoiselles charmantes. Surtout cela. Encore des cours ensuite. Quelques remarques acerbes d'un professeur ne supportant pas le décolleté, pourtant modeste, de la jeune femme en cette journée. Ainsi que quelques chuchotements qui avant tout lui avaient arrachés quelques soupirs d'exaspération devant une attitude aussi puérile que désagréable. Et puis, la fin de journée arriva. Un rendez-vous dans la cour avec un charmant jeune homme, aux mains fort baladeuses. A l'abri des regards, elle l'avait d'abord laissé faire, les soupirs chauds se bousculant au creux de son oreille. Jusqu'à ce qu'il lui fasse une demande assez incongrue. A savoir, lui avouer qu'elle l'aimait. Un haussement de sourcil et une gifle plus tard, elle était en route pour la piscine, qu'importe la pluie, où elle comptait bien se détendre. Albertina détestait être poussé à dire ce genre de choses, et être séduite en général.

Tu aimes contrôler. Tu aimes être la maîtresse de ce jeu de charme et de séduction. Personne n'a le droit d'oser te dominer, te contrôler ou exiger de toi un aveu que tu ne penses même pas. Surtout pas eux. Eux que tu hais. Jamais tu ne te laisseras séduire par leur douceur, par leurs mots doux. Jamais tu ne leur donneras le droit de te séduire, de t'attraper dans leurs filets cruels et tissés de mensonges vénéneux. Hors de question. Tu es et resteras celle qui mène, celle qui joue, celle qui aime une nuit. Un point c'est tout.

Et puis. Le soir. Elle n'aimait pas trop sortir, surtout pas lorsqu'elle était de mauvaise humeur. Alors, elle s'était dévêtue, pour enfiler quelque chose de plus léger, de plus adapté pour dormir. Une combinaison à bretelles, de couleur noire, en soie fine. Une couleur sombre qui contrastait avec la pâleur de sa peau laiteuse. Une tenue qui semblait ancienne, une allure d'un autre temps qui allait parfaitement à la plantureuse rousse, dont la poitrine était sublimée par la dentelle qui la soutenait. Quant à sa longue chevelure, elle commença par la détacher, avant de longuement la peigner, fixant son reflet dans son miroir, le peigne de bois glissant dans sa crinière flamboyante avec aisance. Finalement, elle prit un ruban de satin noir, qu'elle utilisa pour nouer le tout en une queue de cheval basse, placée derrière son oreille droite.

Cela fait, ton regard reste captivé sur ton reflet. Tes doigts longs et fins aux ongles laqués d'un vernis nacré se glissent dans les quelques boucles qui subsistent dans ta chevelure et qui chatouille ta joue, doucement. Tu sembles quelques peu fatiguée, tes paupières sont un peu lourdes. Et puis, il y a ta joue, encore légèrement marquée par la gifle retentissante que tu avais obtenue en allant tenter de séduire l'Intendant. Une bien maigre consolation. Voire même inexistante. Chose certaine, tu n'y étais pas retournée depuis ce jour-là. Une semaine. Peut-être plus, peut-être moins. Tu t'en fiches. Tu t'en es persuadée, du moins. Car au fond, tu es blessée et déçue. Car il avait été cruel avec toi. Alors que tu ne lui offrais que de l'amour et de la chaleur, bien que tout cela soit avec toi inévitablement éphémère. Et puis. Il y avait eu les messes basses et les rires dans ton dos, suite à cela. Cacher cette marque reviendrait à la rendre encore plus voyante, alors, tu fais comme si de rien était, éludant les questions à ce propos, exaspérée.

Un coup d'oeil sur ton réveil. Il est tard. Tu ferais mieux d'aller t'allonger, seule. Tu ne dors jamais avec qui que ce soit, surtout pas un amant. Ce n'est pas dans tes habitudes, simplement. Tu te lèves, dépose le peigne et t'avance vers ton lit. Cette chambre a été décorée à ton goût. Des couleurs plutôt claires, du blanc crème, du rose pâle, un peu de gris perlé pour quelques détails. Des meubles simples, quoi que d'inspiration rétro. Sur les murs, un papier peint presque uni, allant de tons rosés à des tons presque blanc. Mais la première chose que l'on voyait en entrant, c'était ton lit. Un lit à baldaquins aux montants de fer forgé noir, avec des rideaux fins blancs, roses et gris. Un matelas suffisamment était, et un sommier robuste, d'apparence du moins. Les draps étaient d'un blanc immaculés. Une chambre douce, féminine. Mais qui en un sens, pourrait ne pas te ressembler.

Lentement, elle tira les draps frais, pour s'y glisser en soupira, s'allongeant finalement, sur le flanc en soupirant quelque peu, fermant les yeux. Elle voulait dormir, elle était fatiguée, vraiment. Sauf qu'elle n'y arrivait pas. Et c'était ces coups contre la porte qui l'avaient fait redresser la tête, à une heure impossible du matin. Toujours pas reposée, toujours fatiguée. Un soupir contrarié avait quitté ses lèvres, alors qu'elle se demandait qui osait venir la déranger à une heure pareille. Pourtant, elle se leva, prenant sa robe de chambre, qu'elle enfila, pour la nouer de façon assez lâche, le tissu effleurant le dessus de ses genoux. Qui, elle ne savait pas encore, à vrai dire.

D'une main, tu appuies sur la poignée de ta porte, et doucement, tu tires le battant, te recule légèrement et l’entrouvres, pour jeter un coup d'oeil dehors. Ton regard tombe alors sur une silhouette massive, importante, affaissée et trempée. Tu le reconnais de suite, et ses sourcils se froncèrent légèrement, alors que tu ne savais pas quoi dire. Il n'a rien à faire ici. Il l'a chassée, et a ensuite le culot de venir jusqu'à ta chambre, dans un état des plus pitoyables. Tu le dévisages, la joue appuyée contre le bois de l'encadrement de la porte, sans rien dire. Un silence froid, glacial. Tes prunelles océanes parcourent sa silhouette avec un léger dédain.

Elle soupira encore, tirant un peu plus la porte, dévoilant sa silhouette masquée par la fine robe de chambre de soie blanche, délicatement déposée sur ses voluptueuses courbes. Sa longue chevelure rousse retombait sur son épaule, s'arrêtant en dessous de sa poitrine. Elle ne comprenait pas pourquoi il était là. Dans un tel état. Pourquoi elle. Alors, fermant les yeux quelques instants, dissimulant sa fatigue derrière ses longs cils charbonneux, elle demanda : « Qu'est-ce que je peux faire pour vous, Monsieur ? Quoi que je doute pouvoir faire grand-chose, à vrai dire. »

Et tu continues de le regarder, sans rien dire de plus, attendant sa réponse. Qui sait s'il ne va pas encore te frapper ? As-tu peur ?
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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeLun 26 Déc - 20:41

  La porte s’entrouvrit sans un grincement, lassant filer une silhouette claire dans la nuit sombre. Les yeux d’Harlie n’en pétillèrent pas pour autant, voilés par les toxines présentes dans son corps. Il se rendit compte que sa vision était floue, imprécise. Cela expliquait peut-être pourquoi il n’avait cessé de trébucher et de rentrer dans les murs. A moins que cela soit le fait qu’il ne marchait plus très droit. Sa tête semblait toujours pencher vers la gauche et un bourdonnement incessant emplissait ses tympans. Il avait du mal à distinguer les traits de la demoiselle. Son visage comme une perle, ses yeux de disthène. Sa bouche d’opale. L’envie de l’embrasser un instant cliqua dans son esprit, pour retourner s’enfoncer mollement dans les vapeurs alcooliques de son intérieur. Elle n’était qu’un mirage. Si vaporeuse, si parfaite. Il ne saisit pas son air ennuyé, ni même remarqua que sur sa joue était toujours présent la marque de sa violence d’autrefois. Qu’importe. La rousse restait d’une beauté des plus douces. Une fine robe de chambre tombait sur tout son corps, sublimant des formes que déjà le golem connaissait. Combien de fois s’était-il surpris à la suivre du regard, observant le jeu de son corps sous ses vêtements ? Il n’avait plus qu’à imaginer leur douceur et leur couleur lors de ses songes… Peut-être était-il en train de rêver. Tout semblait si irréel. Que faisait-il, coincé hors de chez lui si tard le soir. Cela ne lui était encore jamais arrivé ; c’était impossible. Le golem se croyait sans faille et refusait le moindre échec. La moindre erreur. Son regard dévala le long de cette silhouette parfaite quoiqu’un peu trop maigre, en un geste habituel. Un geste dont l’intendant ne se lassait jamais. Comment s’en lasser. Une beauté qui s’étendrait sur tant d’années. Une beauté qu’il espérait pouvoir durer jusqu’à ce que l’univers ne meure. Et lui survivre.

Les paroles de la sirène parvinrent à ses oreilles, mais n’étaient que l’écho de sa voix. Cela fit quand-même frémir Harlie, à moins que ce ne soit le froid. Non, ce n’était pas le froid. C’était un tremblement ravi. Tout son corps était content de retrouver Albertina. Toute son âme approuvait cette réunion. Même si elle était interdite. Et lui serait fatale. Comment l’intendant avait-il pensé pouvoir lui résister ? Toutes ses envies, ses sentiments qu’il croyait pouvoir maîtriser refirent surface et balayèrent toute ses barrières, tsunami gigantesque de pulsions multiples et contradictoires. Que de chair, que de sang, que d’extase ! Son état d’ivrognerie pesait sur cette ardeur, faisait fondre le tout en un seul sentiment. Le bien-être. Le golem laissait venir les relents diaboliques de son esprit sans chercher à les contrôler. Il n’avait pas la force d’agir. Pas la force de la faire souffrir. De la forcer à quoique ce soit. Mais l’envie était là. Rampant comme un cafard enceint d’idées macabres. Lui faire payer ce sort qu’elle lui avait jeté. L’attraper par les cheveux, la claquer contre le mur. Forcer ses muscles contre son corps frêle, tenir ses mains dans les siennes. La faire taire d’un coup de dents sur sa gorge de colombe, maculer de sang son vêtement crème. Jouir entre ses hanches et terminer son crime en l’offrant à la mort. Ne lui resterait plus qu’à déguster son cœur, fraise juteuse. Apothéose. Chef d’œuvre. Symphonie de cris et de déchirements. Le bruit de ses soupirs, le hurlement de sa jouissance. Si bruyant. Si désordonné. Si envieux.

Harlie tendit une main vers la sirène qui hantait tous ses rêves cauchemardesques. L’attraper par les cheveux… Cette crinière fauve, si longue. Dedans s’entremêlaient toutes ses envies. Certainement les avait-elle piégées avec. Et elles n’arrivaient pas à s’en défaire, engluées dans cette toile de soie. Elles n’arrivaient pas à repartir vers lui, pour être envoyées vers d’autres corps. Des corps qui ne lui étaient pas interdits. Le golem voulait les lui arracher, reprendre ce qu’elle lui avait volé. Mais sa main, faible, ne réussit qu’à saisir ce ruban noir et en détruisit le nœud. Ce petit fleuve sombre chuta jusqu’aux pieds de la désirée, sans obtenir un regard de plus de la part de l’ensorcelé. Ses doigts retombèrent le long de son corps, semblables à ceux d’un pantin désarticulé. Ses yeux n’étaient pas posés sur ceux d’Albertina. Ils s’égaraient ci et là, incapables de se fixer. Le reflet de la houle de ses réflexions. Harlie avala sa salive, entrouvrit ses lèvres pâteuses.

« Je voudrais… » Une pause. Ses yeux clignèrent, alors qu’il tentait de se souvenir ce pourquoi il était venu. Le brun ne parvenait plus à faire la différence entre ce qu’il était venu chercher et ce qu’à présent il convoitait. N’était-ce pas sa simple présence, qu’il était venu réclamer ? Sentir cette illusion près de lui. Ce faux amour, cette fausse générosité. Entendre sa voix, sentir son souffle. A moins qu’il ne se soit présenté dans le but de se libérer ? De l’exorciser, à coups de couteaux. Instinctivement, le golem chercha sur son corps la présence de lames. Leur absence lui rappela qu’il ne les possédait plus et se sentit quelque peu nu. Le pourquoi de ce manque lui réapparut. Il ne devait plus faire de mal à quiconque. Il n’était donc pas venu pour l’assassiner ? Son regard hideux s’était clôt, son épaule s’était posée contre l’embrasure de la porte, soutenant son poids. Son front s’était appuyé contre le mur qui surplombait la porte. Quelle plaie, ces portes. Si basses. Trop grand de treize centimètres. Trop large, aussi. Souvent, ses deltoïdes heurtaient les bords des entrées. L’intendant occupait tout l’espace, sans sembler pour autant menaçant. Sa respiration était difficile, sa silhouette fatiguée. Ses yeux s’ouvrirent de nouveau. Il eut un rire gêné, misérable. « Je suis juste venu récupérer mon gilet. »

Non pas se réfugier dans ses bras, ou l’écarteler. Bien qu’Harlie ferait volontiers les deux. Sa langue chaude passa sur ses lèvres froides. Son regard toujours évitait celui de la sirène, comme s’il craignait quelque chose. Peut-être l’envie de vouloir l’embrasser, à nouveau. C’était désagréable de ressentir quelque chose qu’on ne peut assouvir. Se rappelant le ruban, tous ses muscles s’affaissèrent vers le sol, gauchement. De sa main droite il se retenait au mur, alors que sa main gauche essaya de ramasser ce tout petit morceau de tissu, que beaucoup auraient laissé au sol. Peut-être aurait-il dû.

Harlie ne réussit pas à la saisir, ses doigts refusant de se plier correctement. Sans avoir besoin de lumière pour le savoir, Harlie savait ses ongles bleus de froid et ses doigts pâles. Raidis par un manque de chaleur, tremblotants du fait de l’alcool et de ses délires. Cela ne l’empêcha pas d’essayer une seconde fois. Une troisième fois. L’intendant se sentait bête. Comme toujours. Pourquoi faisait-il cela ? Trop serviable. Trop attentionné. Trop gentil. Pourquoi toujours se montrait-il si serviable ? Surtout… auprès d’elle. Pourquoi tant d’égards pour un simple mirage. Il aurait beau la voir, s’en approcher, elle disparaîtrait d’un coup, se dérobant à ses volontés. Le visage d’Albertina, moqueur, apparut dans ses pensées.
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Albertina O. Sørensen
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeMar 27 Déc - 19:03

Elle était debout dans l'embrasure de la porte. Surprise parce cette visite nocturne des plus improbable. En soit, ce n'était pas vraiment dérangeant, elle ne dormait pas, de toute façon. Trop... Trop quelque chose ,mais elle ne savait dit quoi, chose qui l'exaspérait d'autant plus. Mais lui... Il n'avait pas de raison d'être ici. Il n'avait rien à faire ici, à vrai dire. Qu'un élève masculin vienne fureté dans les couloirs des filles était une chose. Qu'un employé de l'académie vienne déranger une demoiselle en pleine nuit, dans un état pitoyable, en était une autre. Qu'avait-il donc pu trouver d'intéressant à aller se faire tremper jusqu'aux os sous la pluie qui s'abattait sans remords ? Bonne question. Et ce n'était pas tout. Son regard semblait troublé, vague. En fait, tout ce qu'il faisait était étrange, coordonné de façon bancale. Était-il sous l'emprise d'une quelconque substance illicite ? Lui ? La rousse en était aussi sceptique qu'intriguée.

Alors, toujours ta joue contre le bois, tu attends. Une réaction, une réponse, un mot. Mais il lui, immense tas de muscles, il ne fait rien. Inerte, figée. Flasque et inactif. Tu ne comprends vraiment pas ce qui a pu le pousser à venir te voir. Ni même de quel droit il est venu. Il t'a rejetée, t'as blessée, même. Et pourtant. Il est à nouveau là. Devant ta porte, l'air totalement ailleurs, totalement... Tu as du mal à trouver un mot le décrivant de façon claire et précise. Il ressemble à un amas imposant de bizarreries inerte, venu s’échouer devant ta porte comme un navire à la dérive. Lui aussi semble nager en eaux troubles, en quelque sorte. Et puis, toujours autant contrariée qu'intriguée, tu attends une réponse, une réaction. Tu ne comptes pas vraiment poireauter là toute la nuit. Pas pour lui. Car tu as la rancune tenace, c'est certain.

Elle vit alors sa main se tendre vers elle. Pas un mouvement de la part de la créature aquatique, qui doutait fortement que dans cet état des plus pitoyable, il puisse lui faire le moindre mal. Encore la frapper. Non, surement pas. Ses doigts qui semblaient glacés vu leur couleur tentèrent vainement de saisir ses mèche rousses, mais ne réussir qu'à dénoué le ruban noir qui le tenaient ensemble. Le morceau de soir glissa doucement et termina sa course sur le sol. Elle ne dit rien, encore baissant les yeux, pour ensuite les remonter. Lui non plus, n'essaie ni de le ramasser, ni rien d'autre. Il ne fit que laisser son bras à nouveau ballant le long de sa massive silhouette, ses yeux, eux, perdus, ne semblant savoir où se poser. A cet instant, elle avait envie de le secouer pour qu'il se réveille un peu, ou encore, de simplement le laisser là. Elle était épuisée.

Et puis, tout à coup, enfin après cette attente, il se décida à articuler quelque chose, à prononcer quelques mots. Qui en soient, ne voulaient rien dire. Parce qu'il s'était suspendu en plein milieu de sa phrase. La jeune femme cligna des yeux, et haussa un sourcil, son regard le pressant de déclarer ce qu'il voulait. Mais non. Monsieur prit le temps de se faire visiblement pensif, appuyée de toute sa masse contre l'encadrement de la porte. Si grand que son front arrivait plus haut que le sommet de l'ouverture. Elle réalisait à cet instant à quel point il était grand, maintenant qu'elle était pieds nus, quittant ses talons hauts pour la nuit.

Dans d'autres circonstances, tu aurais pu lui trouver de l'allure, quelque chose d'imposant. Sauf que ce soir, il a plus l'air d'une misérable loque trempée. Et toujours, tu te demandes le pourquoi du comment, tu t'interroges sur ce qui avait pu lui arriver. Doucement, tu fais un pas de plus, mouvement léger et presque imperceptible. Plus proche, tu perçois quelque chose. Un relent qui ne t'es pas inconnu. Alcool. On s'y noie et on s'y perd. On n'en ressort pas indemne non plus. Ce n'est pas une chose que tu apprécies, en boisson, tout être s'avilit. Et lui. Il baisse dans ton estime. Parce que tu ne sais pas. Tu n'as aucune idée de ce qui a pu le pousser à boire au point d'en être risible. Tu ne te doutes pas qu'il n'y est pas pour grand chose.

Son pull. Il veut le récupérer. Ce n'est rien que pour cela qu'il est venu de te déranger en pleine nuit ? Pour un stupide pull ? Tu fronces les sourcils. Tu es irritée, mais cela cache plutôt autre chose. Vexée ? Qui sait. Après tout, tu aurais espéré autre chose. Des excuses. Un besoin de te voir, de t'entendre. Mais non. Son pull. Tu secoues la tête et soupire, t'apprêtes à te retourner pour aller chercher son stupide vêtement, mais ton mouvement se suspend. Que fait-il encore ?

Il venait de se pencher, se retenant d'une main au mur, ses doigts semblant vouloir saisir le morceau d'étoffe qui était tombé au sol plus tôt. Il essayait, une fois, deux fois, mais sa main, trop engourdie par le froid qu'elle ressentait rien qu'en se rapprochant, ou parce que son esprit semblait embrumé de vapeur alcoolisée, n'y arrivait pas. Et elle, frêle demoiselle fatiguée, le regardait faire, intriguée, surprise. Décontenancée par ce geste un peu minable, il fallait bien l'avouer. Exaspérée, également. De ce fait, elle le laissa là, et fit rapidement volte-face, peut-être rageusement. Elle n'en avait cure. Elle voulait... Dormir ? Autre chose ? Les deux. Parce que maintenant qu'il était là, elle repensait à ce qui c'était passé... Et l'envie demeurait. Sauf qu'elle ne se sentait pas de lui faire son petit jeu habituel. Ni de le chasser. Pare qu'au fond, elle ne voulait pas qu'il lui arrive du mal.

D'une main, tu prends le pull, posé soigneusement sur le dossier d'une chaise. Il porte son parfum, mais aussi le tien. Tu soupires et revient vers lui, le lui tend doucement, avant de te baisser pour ramasser le ruban, le tout, sans le regarder. Sans parler. Trop pensive, troublée. Et puis, tu te redresses, le regardes toujours, avant de fermer les yeux. Tu te passes une main sur le visage. Agacée. Par lui. Par toi. Et d'une voix trahissant ton trouble, tu finis par lui dire, à la fois douce et vacillante, exaspérée : « Qu'est-ce qui vous est arrivé, Monsieur ? Vous n'avez pas l'air d'aller bien... Je peux... Faire quelque chose d'autre pour vous ? »

Elle rouvrit les yeux. Elle se trouvait bien plus faible qu'à l’accoutumée. Pas assez fière, pas assez vile ni provocante. Mais il est tard. Tu as besoin de repos, il a besoin de chaleur, tu le supposes. Sans te douter qu'il te désire toi. De bien des façons, qui toutes ne te plairaient pas forcément. Alors, rouvrant les yeux, tes grands yeux turquoise, tu le fixes, le dévisages, et ouvre la porte en grand, disant : « Vous feriez mieux d'entrer avant que quelqu'un ne nous entende. Il faut vous sécher, vous réchauffer. Vous allez être malade sinon... » Inhabituellement soucieuse, inquiète. Tu ne te sens pas toi, tu ne te sens pas normale. Quelque chose ne va pas. Ca t'étourdit, ça te fatigue. Tu veux dormir. Aller mieux demain. Être à nouveau l'odieuse rousse que tu es toujours. Sauf qu'il est là. Et quelque chose t'empêche de l'ignorer.

Elle attendait qu'il réponde. Qu'il se bouge un peu, qu'il entre.
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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeMer 28 Déc - 1:36

  Elle lui tourna le dos, sans qu’il n’y prête attention. Toujours le golem tentait de saisir ce petit ruban qui lui semble être aussi subtil qu’un fil d’aranéide. Albertina, pour le moment, ne l’intéressait pas. Juste cette bande charbon qui semblait le narguer. Lui dire qu’il n’y arriverait pas, qu’il était trop fort pour le golem. Une fragrance de combat monta au nez de l’intendant, qui ne se rendait pas compte que ce qu’il avait devant lui était un bout de tissu inanimé. Mais dans ce monde, celui de l’ivresse, rien n’est tangible. Et, combien de choses étranges se passaient dans ce bâtiment. S’être fait malmener par un ruban passerait pour quelque chose de plausible. Qui plus est, cette anguille sombre avait pour maîtresse cette vipérine sirène… Qui sait s’il n’était empoisonné ! Venimeuse enfant, rose barbelée. Quel être pernicieux l’avait donc envoyée vers lui ? Le golem ne se connaissait pas d’ennemis, préférant achever les dangereux et agissant toujours dans l’ombre et l’anonymat. Quel esprit supérieur avait réussi à créer telle ambiance ? Qui pouvait donc si bien le connaître, pour choisir pour appât une telle merveille ? Qui s’amusait à le torturer, à le faire lentement sombrer ? Petit à petit, ses barrières s’abaissaient. Harlie ne s’en rendait pas encore compte. Il se pensait si fort, si puissant. Oubliait trop souvent à quel point ses faiblesses étaient futiles. Un joli corps, un rêve prometteur. Une pensée, un désir. Sa force physique et son intelligence ne parvenaient pas à le protéger de tout, loin de là. Dans chaque force se trouvait une faiblesse. Plus le brun avançait, plus ses épaules se courbaient. C’était si dur de vivre ainsi. Harlie semblait avancer sur son chemin à avec répugnance, terrorisé par son avenir. Quels déboires, quelles peines, pertes l’attendaient ? Rien n’était prévisible. Pieds nus, yeux bandés sur ce sentier unique, qu’il ne pouvait quitter. Qu’il ne pouvait pas même pratiquer à reculons. Refaire ce pas correctement. Eviter ce caillou, ne pas fouler sa cheville. Ne pas tomber. Défaire pour refaire, mieux. Mais cela était impossible. Une force incroyable le tirait en avant. Harlie n’avait aucune issue. A part, peut-être, saisir cette plante empoisonnée qui sur le bord de sa route s’épanouissait. L’avaler, mourir. Mettre fin à ses peines.

Et cette belle rousse, qu’était-elle ? Un éclat de verre, le doux chant d’une hirondelle ? Une hirondelle… Encore faudrait-il qu’Harlie se retienne, pour ne pas l’attraper et la massacrer. Plein de colère, de désespoir. D’ailleurs, de quel droit cet oiseau se permettait de chanter ? Alors que lui était voué au sang ! L’encourager, le soutenir ? Lui donner un peu de joie, de repos ? Et s’en aller après, parce que lassé de le voir souffrir ? Qu’on le laisse seul, si c’était pour le quitter. Se nicher dans son cœur et s’en défaire, laissant à jamais dedans un trou béant. Une blessure qui jamais ne cicatrisera. Maudite hirondelle… mauvaise sirène ! Déjà elle grattait ce sein, de ses petits ongles mesquins. Elle le fendillait, et dans cette déchirure elle susurrerait quelques mensonges avant de s’enfuir, ricanant. Qu’est-ce qu’Harlie pouvait faire contre cela, quelles armes avait-il ? Le jeu semblait avoir été monté contre lui. Briser la nuque de la belle serait l’équivalent d’un game over, sans le droit à une seconde partie. Son savoir ne lui était aucunement utile dans ce cas ; ses passions surplombaient sa raison. Elle gagnerait. Le brun le savait déjà, quelque part au fond de lui. Ce quelque part où se trouvait le myocarde de son âme. Comment l’avait-elle trouvé ? N’était-il pas suffisamment caché ? Lui-même croyait ne pas en posséder et trop de fois on le lui avait répété. Monstre sans cœur, sans vie. Tu ne mérites aucune compassion. Démoniaque beauté… elle méritait la peine maximale.

Albertina saisit le ruban, témoignant de sa puissance. Harlie n’avait pas réussi, après tant d’efforts, qu’à l’effleurer, le tordre. Et elle, d’un geste simple et coulant, le piégea dans sa main. Le golem lui lança un regard plein de reproches et de haine, où se mêlait un air hagard. Elle se redresse, passa une main sur son adorable visage. Il avait du mal à lire ses émotions, mais un malaise le saisit. Parce qu’il se sentait intimidé, ainsi surplombé par cette svelte silhouette. Le géant se sentait être un poids. Comme toujours. De sa mémoire ressurgit le visage de sa créatrice. Elle avait cet air, quand il l’incommodait. Le même que celui qu’Albertina avait pris. Son cœur sembla rater un battement. Anxieux. Surpris. Apeuré. Petit animal impuissant, blessé. Ses grandes mains se crispèrent sur le pull qu’elle lui avait rendu. Devait-il la tuer ? Un instant de lucidité lui permit de reprendre son sang-froid. Elles n’avaient rien en commun. Cette ressemblance n’avait été que le fruit de son imagination embuée. Pourquoi voyait-il le mal partout ? Harlie ne la remercia pas de lui avoir rendu son vêtement, que contre lui il serrait. Comme un enfant enserre sa peluche favorite. Cela n’empêcha pas son esprit de vagabonder, ramenant de son passé d’affreuses images. Cette femme riant, sa bouche grande ouverte. Elle l’épouvantait. Comment avait-il pu comparer la si fragile sirène à ce démon humain ? Mais c’était fini. Il l’avait tuée. Il s’était libéré. Un sentiment de bien-être mauvais l’envahit, et c’est avec le sourire qu’il répondit à la femme des mers.

« Je vais bien. » Des mots trop courts, qui ne répondaient pas aux attentes d’Albertina. Harlie tût ce qu’il lui était arrivé. Cela n’avait pas d’importance. Et ce qu’il voulait… C’était incorrect. Tant de choses. Il ne pouvait rien dire. Imaginer, pour s’assagir quelque peu. C’est tout ce qu’il pouvait se permettre. Même si elle l’invitait à entrer, dans sa chambre. Cet endroit intime… Le laisser pénétrer dans ce lieu, si facilement. Quel décor parfait cela ferait pour ses songes ! Sa chambre à lui était si froide, si peu esthétique. Harlie osa un premier regard, furtif, derrière le corps de la demoiselle dont il ne voyait que les jambes. Qu’il serait facile de s’y agripper, de les remonter. Encore faudrait-il que l’intendant puisse dresser ses bras. Si lourds. Il avait son pull, pourtant. C’est tout ce qu’il avait dit vouloir. Alors, pourquoi ne lui claquait-elle pas la porte au nez ? Pourquoi l’invitait-elle, et même, se dégageait de l’entrée pour qu’il puisse à son aise y pénétrer ? Dans cette pièce qu’il n’avait jamais pensé pouvoir un jour poser les pieds. Un instant le golem resta incongru, la regardant avec émerveillement. Lisait-on dans ses prunelles, tant de misère qu’on avait envie de le laisser se réfugier chez soi ? Les mots sécher, réchauffer l’appelaient. Les termes avant que quelqu’un ne nous entende, vous allez être malade sinon l’y poussaient. Tant de mots affables. Pourquoi se souciait-elle de lui ? Ne l’embêtait-il pas ? Ne lui faisait-il pas peur ? Lui craignait tant les individus saouls. Pire encore, ceux qui pouvaient le menacer. Or, Albertina semblait ne ressentir aucune peur. Rien. Si différente. Si attrayante. « Ah, oui. » Un signe de tête affirmatif, et le voilà qui, à quatre pattes, se glisse dans la pièce inconnue. Incapable de se relever. Il ressemblait à une immense panthère, aux côtés de sa dompteuse. Une panthère quelque peu amochée par de longues années. Qui en fait, n’étaient qu’une soirée. Et la dresseuse, qui certainement se demandait si elle ne ferait pas mieux de faire piquer la vieille bête.

La chambre était belle, harmonieuse. Harlie ne s’y sentait toutefois pas très à l’aise. Ce n’était pas son territoire. Ce n’était pas lui le dominant. Tremblant, frigorifié. A quatre pattes, acceptant la protection de la rousse. Joyeusement, qui plus est. Il enleva ses chaussures d’un jeu de pieds. C’était un geste important, témoignant de son respect mais aussi, de sa volonté de rester Ne serait-ce qu’un peu. Il s’assit sur le sol, ses longues jambes repliées sous lui et resta silencieux, scrutant d’un regard brillant la pièce. « C’est joli. Quelle est votre couleur favorite ? Le rose ? » Soigneux de ses affaires, le golem replia son pull sans même avoir à le regarder et le posa devant lui. Un frisson le parcourut. Ses bras entourèrent sa taille, son dos se roula jusqu’à ce que sa tête ne se pose sur ses genoux. La pièce n’était pas suffisamment chaude. Pire, le minime changement de température lui avait donné des nausées. Sa tête était trop lourde. Son estomac ne cessait de protester.

« Awwwww. » Un râle plaintif, discret.

Il ne savait pas quoi faire dans ce genre de situations.


Dernière édition par Harlie Mauchly-Eckert le Ven 6 Jan - 5:52, édité 2 fois
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Albertina O. Sørensen
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeJeu 29 Déc - 15:06

Il dit aller bien. Le crois-tu ? Bien sur que non. Tu n'es pas si naive, pas dupe non plus. Comment peut-on dire que l'on va bien dans un était aussi minable et pitoyable ? Stupide fierté, surement. Ou alors, il n'avait pas envie de t'en parler. Qui voudrait te parler de ses soucis, de toute façon ? Ce n'est pas une créature pêcheresse comme toi que l'on fait confiance. Ce n'est pas une séductrice de ton espèce qui saura attirer les confidances, de toute façon. Alors, tu n'insistes pas, pour le moment. Tu le laisses ainsi, et tu ne bouges pas. Encore, ton regard quelque peu troublé par l'exaspération et la curiosité se porte sur lui. De haut en bas et de long en large. Silencieuse. Absolument.

Il lui fallut un peu de temps pour se décider à réagir à l'invitation de la jeune femme. Un temps qu'elle avait trouvé un peu long. Enfin, à sa grande surprise, il avait accepté, quoi qu'elle se doutait qu'en temps normal, dans une autre situation et dans d'autres circonstances, il aurait refusé. La demoiselle en était quasi certaine, pour tout dire. Enfin. Là, il avait dit oui. Et même, il s'avançait, et d'une façon... Inattendue. Comme le ferait un animal à quatre pattes. Le regardant faire, la demoiselle haussa un sourcil, partagée entre l'hilarité et l'exaspération. Enfin, au moins, il était entré, et sans plus tard, elle avait fermé la porte, histoire que personne ne les voit. CE serait bien fâcheux, autant pour elle que pour lui. Surtout pour lui, elle supposait. Enfin bon.

Une fois dans la chambre, la jeune femme ne fit pas attention à lui, le laissant prendre ses aises. A même le sol. Après tout, le tapis était moelleux et confortable. La plantureuse rousse, elle, alla vers son armoire, qu'elle ouvrit bien rapidement, pour ensuite fouiller quelque peu. Elle en sortie plusieurs grandes serviettes éponge, de couleur blanche, avant de finalement se tourner vers lui, lorsqu'elle l'entendit laisser échapper un râle étrange. Un peu inquiète devant cette large silhouette recourbée et visiblement souffrante, elle se rapprocha de lui, et s'agenouilla sur le sol, et le regarda longuement, affleurant ses cheveux mouillés, avant de dire : « Il va falloir que vous enleviez vos vêtements et que vous vous séchiez avec ces serviettes, monsieur. Au moins le haut. »

Ta voix sonne de façon étrange. Sérieuse, un peu. Inquiète également. Un ton détaché et poli qui te va si mal, si mal. Tu te sens fatiguée, exaspérée aussi. Tu ne le montres que peux, cela dit. Mais cette situation te déplaît, avec cette impression d'avoir fait entrer le loup dans la bergerie. Au fond de toi, noyé sous le désir et la luxure, la peur existe. Sauf que tu la dissimules. Mais avec cette fatigue qui t'étreint, autre chose essaie de se libérer, de se montrer. Cette partie de toi qui est si douce et attentionnée. Si peu montrée, si peu usée. Jamais pour personne. Tu dois te reprendre ! Cela t'énerves d'être ainsi, vraiment ! Tu sembles trop faible. Et même dans son état, qui sait s'il ne pourrait pas s'en prendre à toi. Encore ? Tu ne sais pas. Tu ne peux rien prévoir de lui, et cela, c'est tout autant exaspérant.

Et puis, elle se redressa quelque peu, une serviette plus petite que les deux autres entre les mains. Sans attendre de réponses, et ne souffrant d'aucune protestation, elle commença à frotter doucement ses cheveux, avant de dire, soupirant légèrement : « Vous vous sentirez mal tant que vous ne serez pas réchauffé. Ne traînez pas trop, vous finirez par être vraiment malade. » Des recommandations dignes d'une mère à son enfant. Parce qu'elle ne voulait pas qu'il soit malade. Elle ne tenait pas à se sentir responsable alors qu'elle aurait pu l'aider. Il y avait une part de bonté en elle. Petite et bien cachée, mais existante. C'était mieux que rien, après tout.

« Je ne sais pas quels sont vos soucis, mais l'alcool ne résout rien. » Une phrase banale qui lui avait échapper comme si de rien était. Quelques mots, alors qu'elle avait cessé de frotter sa tignasse, délaissant la serviette sur sa tête, avant de se relever, s'asseyant sur le fauteuil non loin, l'observant, ses jambes ramenées contre son buste, laissant nu et visible l'arrière de ses cuisses, et plus encore. Elle le fixait, le détaillait. Presque impatiente, presque désireuse. Et elle était sérieuse, aussi. Il avait intérêt à ne pas rester trop longtemps avec des vêtements trempés. Il serait réellement malade, sinon. Et ce serait dommage pour lui. « J'peux fermer les yeux si ça vous gêne. » Ironie. Amusée. Aussi.
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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeJeu 29 Déc - 22:02

  Etait-elle en colère ? Albertina ne répondit pas aux questions qu’il lui avait posées. Des questions simples, banales. Harlie se basa sur ses propres expériences pour en dégager le fait que la sirène était indisposée par sa présence. Lui se taisait quand quelque chose l’horripilait. Il refusait de répondre à ceux qui ne faisaient qu’échauffer sa bile, montrant par ceci ses vexations. La parole était un outil formidable, capable de porter et trahir tant de sentiments. Modulable à l’infini. Tremblante, rapide. Haute perchée, martelée. Au vocabulaire tendre, armée de mots grossiers… Alors qu’il sentait son intérieur se tordre de honte, la sirène enfin ouvrit sa bouche, laissant filer la mélodie de sa voix. Son ton n’était pas celui qu’il lui connaissait. Celui qui charme, qui susurre des rêves obscènes. Avait-il l’air si pathétique que cela ? Etait-il si indésirable ? Trompé par l’alcool, le brun confondit le sérieux avec le mépris, l’inquiétude avec la pitié. Qu’il haïssait inspirer ces deux mots. Comment osait-elle ainsi le juger ? Etais-ce cela, être saoul ? Etre vu si négativement. Etre repoussant, navrant. Pourquoi donc tant d’individus recherchaient cet état délabré ? Bêlit avait dit que cela était amusant. Quelle drôle de façon de s’amuser. Son estomac avait l’impression d’avoir fait tous les manèges à sensations fortes de Disneyland. Il y était parti en amoureux avec son cœur et tous deux en étaient revenus malades. Harlie n’aimait pas spécialement les manèges où cela tournait, accélérait, chutait. Cela lui faisait peur. Peur que de ne pouvoir rien contrôler. Se raccrochant à Albertina avec l’impression d’être une impertinente sangsue, le golem n’avait d’autre choix que de suivre ses ordres, incapable de prendre des décisions par lui-même. Il voulut acquiescer, mais sa tête était trop lourde pour le moindre geste. Son corps tout entier était trop lourd. Harlie aurait voulu effleurer son hôte comme elle l’avait fait sur sa tête. Un geste compatissant, qu’il se demandait être réel ou juste feint. Elle ne voulait pas de lui ici, alors pourquoi se montrer si attentive à son mal-être ? Quelle folie l’habitait. La voilà qui brossa ses cheveux d’une serviette épaisse. L’intendant en distingua vaguement la couleur. Blanc. Un long soupir lui échappa. En plus d’être un abruti fini, il allait lui sembler sale. Ses cellules mortes redevenaient automatiquement de la glaise. Et cette glaise s’était certainement mélangée à toute cette eau qui sur lui stagnait. Cette eau qui serait épongée, tout doucement, par Albertina. Et ce linge serait maculé de son corps de terre. Le golem eut envie de lui crier d’arrêter. Qu’il préférait encore s’essuyer avec le pull qu’elle lui avait rendu. Sur le noir, ses souillures se voyaient moins. Et ce vêtement lui appartenait. Il n’aurait aucun scrupule à le barbouiller de son odeur, de ses restes. De plus, ces gestes de frictions accentuaient son mal de crâne. Même si le geste était léger, à peine prononcé. Un geste empli de tendresse, comme plus personne n’avait pour lui. Harlie se trouvait partagé entre la douleur et le bonheur. Il aimait bien se faire cajoler. Entourer de ses bras ceux qu’il appréciait, s’endormir tout contre leurs corps chauds. Glisser ses pieds froids contre les leurs, brûlants et ses grandes mains sur leurs flancs. Le golem avait l’impression de retrouver, en Albertina, les moments passés de jours où il s’était senti chéri. Un sourire troublé redessina ses lèvres quand encore elle le conseilla. Il voulait oublier la colère de la sirène et ne garder que d’elle une trace de bonté. Comme s’il pouvait inspirer ce sentiment lumineux à quiconque. Surtout, à elle. Il l’avait maltraitée, insultée, frappée. Certainement recommencerait-il. Le mal, sa sucrerie préférée ! La douleur, son cadeau à chacun qui oserait l’approcher. Cet élan de joie fut coupé par la voix de la rousse, aussi amère que le saké que le géant avait ingurgité.

Elle le voyait comme ces alcooliques des mauvaises séries, qui buvaient pour oublier. En avait-il l’apparence ? Harlie sentit Albertina s’éloigner alors que sa vue restait bouchée par ce drap d’éponge posé sur sa tête. Il n’avait rien à répondre à cela. Rejeter toute la faute sur sa tutrice ? Quelle bête idée. N’étais-ce pas lui qui avait accepté ? Certes, sous une forte pression. Elle avait usé habilement de ses faiblesses, la renarde. Toutefois, le brun détestait la façon d’être de ceux qui toujours rejetaient la faute sur les autres. Ce qui faisait du golem un parfait bouc émissaire. On pouvait l’accuser tant qu’on voulait, le monstre de glaise supportait et se taisait. Certes. Il se vengeait, bien souvent. Mais toujours discrètement. Une personnalité comme les eaux des fleuves, calmes en surfaces. Profondes, dangereuses. Qui vous aspirent, sans vous prévenir et jamais ne recrachent votre cadavre. Harlie gardait tout pour lui. Trop rarement il se confiait, le vouant à n’être compris que par trop peu de personnes. Albertina n’avait qu’à croire qu’il était une brute alcoolique. Qu’est-ce que cela changerait. Elle ne l’appréciait déjà que très peu. Tente de se rattraper serait peut-être mal vu. Qui plus est, ce n’était pas dans la nature d’Harlie que d’ainsi agir. Il laissait couler sur lui les pensées des autres et faisait son possible pour sembler ne pas s’en préoccuper.

Son cou se redressa, cherchant à voir où s’était déplacée la sirène. Le tissu coula sur ses épaules, dévoilant dans son champ de vision la silhouette fine qu’il convoitait. Elle ressemblait plus à ce qu’il connaissait d’elle. Tentatrice. Sa position dévoilait plus que ses jambes. L’intendant roula des yeux dans ses orbites, mais inévitablement son regard retombait sur ce corps trop plaisant. Que portait-elle sous sa robe de chambre ? Voilà que de nouveau son esprit divaguait. Elle le titilla de quelques paroles. Fermer les yeux. Etais-ce une invitation pour qu’il lui bondisse dessus ? Sans plus aucune défense, pas même son regard inquisiteur. Quelle était cette froide sensation qui l’envahissait, qu’il n’avait jamais ressenti auparavant, à la vue de courbes féminines ? Il se sentait tout collant… de pluie et non de sueur. Harlie était juste trempé et gelé. Non pas en train d’éprouver de nouvelles sensations à la vue d’un corps qu’ardemment il convoitait. Si Albertina lui proposait de clore sa vue, ce n’était pas pour lui donner le champ libre à ses pulsions. Le golem aimait agir dans le noir, il est vrai. Il aimait la puissance que cela lui donnait. L’anonymat que cela procurait. C’était pour qu’il déboutonne sa chemise sans avoir à souffrir de son regard. Avait-elle senti la répulsion qu’il éprouvait pour sa propre enveloppe charnelle ? Mais l’intendant n’était pas timide, juste ne s’aimait pas. Se mettre à nu ne le gênait pas. C’était les remarques qu’on pouvait bien lui faire. Quel corps laid, aussi constellé que son visage. Tatoué, percé, meurtri. Toutefois, Harlie ne désirait pas s’exposer à la sirène. Il enlèverait sa chemise, se sècherait et aussitôt mettrait son gilet. Il ne voulait pas qu’elle voie le champ de bataille qu’était sa poitrine. Si la plupart des blessures s’en effaçaient aisément, celles de sa créatrices restaient, quoi qu’il fasse. C’était les pires. Les plus profondes, qui touchaient jusqu’à son cœur. Elles revenaient toujours. L’enlaidissaient à jamais.

« Fermez-les donc. » Ses yeux se baissèrent ensuite sur les boutons de sa chemise. Le brun en voyait trois fois plus que d’habitude. N’arrivait pas à les saisir. Ils semblaient fuir ses doigts. Et ses doigts… Il n’arrivait pas à les plier. Quel sot. Il n’arrivait pas à saisir un ruban. Comment pensait-il pouvoir déboutonner seul sa chemise. Harlie continua toutefois d’essayer. Puis il tira dessus et se ravisa. L’arracher n’était pas une meilleure idée et il se sentait si faible… Il ne pourrait pas même faire sauter deux ou trois boutons. De plus en plus, ses yeux louchaient. Cela finit par lui faire mal, aussi. Alors il arrêta. Une de ses mains resta accrochée à son col. L’autre retomba mollement sur ses cuisses alors qu’un soupir prononcé lui échappa. Harlie préférait se taire que de demander la moindre aide. Il eut un air boudeur alors que ses yeux partirent de nouveau se fixer sur Albertina. Il semblait, ave ce visage, avoir dix ans de moins. La main accrochée à son col tirailla un peu plus dessus. Comme s’il étouffait.


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Albertina O. Sørensen
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeMar 3 Jan - 13:54

Perchée sur son fauteuil, la rousse créature l'observait avec attention, lui, cet étranger à cette pièce. Lui qui jamais ne se serait aventuré de son plein gré par ici. Elle en était certaine. Parce qu'après tout, il l'avait chassée de son bureau, la dernière fois. Il l'avait faite partir sans être doux dans ses propos, loin de là, montrant qu'il ne tolérait plus sa présence. Et pourtant, en cet instant, l'Intendant était bel et bien devant elle, sur le tapis doux et moelleux de sa chambre. Trempé jusqu'aux os surement, et totalement à côté de la plaque. Il semblait à la fois là physiquement, mais absent pour tout le reste de sa personne. Et cela troublait quelque peu la demoiselle, qui avait l'habitude jusque là de le voir toujours bien présent, et jamais ô grand jamais troublé ou presque. Surtout pas absent. Surtout pas quand elle était là, avec lui, en sa présence. Non. Sa venue n'était pas logique. Ni même le fait qu'il ait trop bu. Ce n'était pas l'image qu'elle avait de lui, pas du tout. Quand bien même elle ne le connaissait pour ainsi dire pas, ou très peu, Albertina ne l'imaginait pas en alcoolique ou tout homme faisant ce genre d'excès. Et pourtant. Si seulement elle se doutait de tout ce qui pouvait lui passer par la tête. Aurait-elle peur de lui ?

Tu pus finalement noter chez lui un redressement, alors que le tissu qui jusque là était posé sur sa tête glissait doucement. Ton menton contre un de tes genoux, tu l'observes longuement, détail le peu de mouvements qu'il fait, à mesure que le temps s'écoule. Ce soir, tu te feras douce, tu te feras patiente. Tendre, chaleureuse. Pour lui prouver que tu n'es pas juste bonne à t'allonger et écarter les cuisses. Même si tu sais qu'il y a de grandes chances que de demain, il ne s'en rappelle même pas, ses souvenirs viciés par le liquide distillé. Qu'importe. Te le prouver à toi, qu'il a réussi à faire douter, sera déjà une bonne chose. Et puis. Demain. Et le reste. Tu redeviendras l'Albertina fière et séductrice, alignant outrages et provocations, encore. Parce que c'est ce qui coule dans tes veines, et à moins de trouver une bonne raison de cesser, d'être quelqu'un de mieux, quand bien même ton corps est sali à jamais, tu continueras. Quitte à mourir malheureuse. Tu vis déjà ainsi. Tu le vis bien, en apparence. Et puis, personne ne sait et ne saura jamais que bien souvent, la nuit, tu te réveilles en sueur, tremblante et haletante, avec cette atroce impression de n'être qu'un monstre sale et vicieux. Enfin, ça, c'est quand tu arrives à dormir.

Alors. Il allait réagir ou non ? Ou allait-il encore rester là à te fixer ainsi, sans rien faire ? Tu te le demandais, un sourcil haussé, le regardant dans les yeux, sans la moindre crainte. Ses yeux à lui étaient quelque chose de si étrange pour toi. Des pupilles qui avaient quelque chose de dérangeant et de fascinant à la fois. Oui, son regard éveillait en toi répulsion et admiration. Quand tu le regardais ainsi, à la fois tu te sentais la faiblesse de vouloir baisser les yeux, et à la fois, la hardiesse de soutenir cet étrange regard. Ne serait-ce que pour le défier un peu plus. Lui montrer quelque chose. C'était stupide, pourtant. Tu n'avais rien à prouver à personne. Vraiment à personne.

Enfin. Il lui donnait une réponse, alors que plus tôt, elle avait ignoré ses questions. Sans vraiment le faire exprès. Trop concentrée sur le fait de l'aider, elle n'y avait plus pensé. Tant pis. Et s'il tenait vraiment aux réponses, elle les lui donnerait plus tard. Là, pour le moment, elle se contentait donc d’obéir, fermant les yeux. Ainsi, elle avait presque l'air d'être endormie. Un doux visage de poupée paisible, encadrée d'une chevelure de feu, des flammes qui loin de brûler se faisaient douces et presque dociles, avides de caresses d'amants attentionnés. C'était tout ce qu'elle demandait, au fond. Et à défaut de voir, elle écoutait, le moindre bruit qu'il pourrait faire, en se dévêtissant, ou encore en se levant. Peut-être allait-il en profiter pour se rapprocher d'elle. Elle n'en savait de rien. Loin d'être bête, elle se rendait compte de la position de faiblesse dans laquelle elle se trouvait, ainsi que le fait qu'elle était vulnérable. Mais il ne semblait pas se passer grand chose, pas le moindre froissement d'étoffe, rien. Arrivait-il au moins à défaire ses boutons ? C'est là que l'instant du ruban lui revint en mémoire. Il n'avait même pas réussi à saisir ce bête morceau de tissu, alors défaire une boutonnière. Non, son état était surement trop avancé pour réussir.

Alors, sans vouloir te faire voyeuse ou menteuse pourtant, tu ouvres doucement les yeux. Ton regard croise le sien. Surprise. Tu ne t'étais pas rendue compte qu'il te regardait ainsi. Et tes yeux descendent doucement, détail un peu l'affaire. Rien n'a bougé ou changé. Tu le vois, avec ses doigts accrochés à son col, tirant mollement dessus. Il n'arrivera pas à grand chose ainsi. S'en rend-il compte ? Et toi ? Que vas-tu faire maintenant ? Tu ne veux pas le contrarier en le regardant, mais d'un autre côté, tu sais qu'il ne pourra se dévêtir seul. Un choix. Le tien. Pour une fois que tu pourrais faire quelque chose de bien. Autant tenter ta chance, non ?

Alors, doucement, tu quittes ton fauteuil, ton perchoir, jolie petite hirondelle si souvent piétinée. Doucement, tu te rapproches de lui, ce grand être qui semble pourtant avoir tellement besoin de bras entre lesquels se reposer. Tu lui offrirais les tiens, si seulement il ne semblait pas tant te haïr. Agenouillée près de lui, un léger sourire étire tes lèvres pâlies par la fatigue. Toujours, tu approches tes mains de lui, et avec soin, défait les boutons. Les uns après les autres. D'abord, sans rien dire. Tu ne le regardes pas vraiment, ce sont tes doigts que tu fixes avec attention. Car tu sens, tu as l'impression que ta proximité le dérange. Il t'a déjà montré que tu étais indésirable près de lui, et pourtant, tu recommences. Lui aussi pourrait recommencer, tu le sais. Mais tu veux l'aider. Cette envie étrange de rester près de lui. Cette égoïste ténacité qui te coûteras surement très cher à un moment donné.

Et enfin, sa chemise est grande ouverte. Son torse est caressé de tes yeux durant quelques instants, tu réalises que ce n'est pas de la peau nue qui se dévoile à toi. T'en doutais-tu ? Tu ne sais pas. Et puis, tout ce silence t'étouffes. Alors tu parles, d'une voix douce, remontant à son visage : « J'aime beaucoup le rose. Entre autre. Et vous ? » Une discussion tellement décalée avec le moment, ce qui arrivait. Et pourtant. Posée de façon si naturelle, tout à coup.

Toujours agenouillée devant lui, ses deux mains sur ses cuisses, elle l'observa un peu, son regard se faisant curieux et doux, rien d'aguicheur, pour une fois. Parfois son visage, parfois son torse. Elle en était surprise. Et comme le tissu le couvrait encore un peu, elle avait du mal à discerner clairement les lignes de ce tatouage. Et la lumière tamisée de la pièce n'aidait pas. Curieuse, elle voulait l'interroger, un peu plus, mais... Elle ne savait pas trop comment demander. Quelques secondes de réflexion, pesant le pour et le contre, alors que ses prunelles océanes avaient regagnées celle de l'homme qui lui faisait face. « Vous avez beaucoup de tatouages ? »
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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeMer 4 Jan - 1:03

  La sirène manqua à sa promesse, ouvrant ses beaux yeux. Harlie ne lui en voulut pas. Il aimait son regard entre le saphir et l’émeraude. Le golem la trouvait déjà d’une trop grande bonté envers lui pour avoir cédé à sa requête. Cela l’avait un peu étonné, que la rousse ainsi agisse. C’est comme si Albertina avait mis de côté toute la rancœur que certainement elle devait avoir à l’encontre du golem. Ne s’était-il pas montré plus obtus, brusque qu’un ogre ou un cyclope ? Non. Juste avait-il été lui-même. Un golem. Créature incompatible avec la gentillesse et la douceur. C’est ce qu’on disait. Ce qu’il croyait. Quoiqu’il arrivait que le brun se montre tendre mais comparé à tous ses maléfices, ces moments semblaient bien ridicules. Puis, pourquoi se montrait-il parfois agréable ? Ce n’était pas pour rendre service, non.C'était pour son plaisir. Donner pour recevoir. Faire quelques gestes qui ne lui coutaient rien pour s’attirer les grâces d’autrui. Empêcher certains d’être malheureux, pour ne pas être malheureux à son tour. Juste quelques personnes, choisies avec soin. La guerre dans le monde, les famines et les catastrophes naturelles… Harlie s’en foutait. Tout ce qu’il voulait, c’était mener sa petite vie comme il l’entendait. Tranquillement. Etre méchant, être gentil. Quand il le voulait. Il voulait s’enfuir de The Other Side pour courir à la rencontre de ses désirs. Et ne le voulait pas. Le golem se sentait bien, ici. Le plaisir des chiens, qui bien que tenus en laisse et muselés, apprécient leur soumission. On les loge, on les nourrit. On les cajole. Mais parfois, ils mordent. Ils désobéissent. Toutefois, Harlie, plus malin qu’un bête corniaud, faisait attention à ne pas devoir passer sur la table du vétérinaire pour une dernière injection macabre. Alors le golem jouait à la bête soumise et ne faisait ses bêtises que dans le dos de ses maîtres. Parce qu’il ne pouvait pas rester sage, non. Ce n’était pas faute d’essayer. Or, sa nature restait supérieure aux lois qu’on lui imposait. Sa nature serait supérieure à cette haute maxime, tu ne toucheras point aux élèves ?

Harlie se le demandait, vraiment. Albertina était d’une grâce à faire se faner les fleurs de dépit, à faire se coucher les tigres à ses pieds. A le faire céder, à bondir sur sa chair et violer sa sacralité. Tentatrice comme le serpent lui-même, qu’il punirait par la suite d’un coup de dents sévère. Le géant de terre eut un mouvement d’épaule quand elle quitta son siège. Le golem voulait se lever, la surplomber. Une nausée le rattrapa. Il ne put que rester à sa place, gentiment. Pathétiquement. Empêché par son corps malade. Qu’il haïssait se corps ! Qu’il meure ! Qu’il crève et le laisse s’en retourner dans ces sphères d’ailleurs, où rien n’existe. Pas même lui. Disparaître… non. Ce serait trop dur. Il aimait tant se sentir grand, puissant. Harlie aimait tant vivre. Une chose possible juste sur cette planète. Même si ici-bas il lui manquait cette part de lui si précieuse… or, valait-il de mourir pour cela ? Cesser d’exister comme étant un être individuel pour rejoindre cette plénitude sans remous ? Cette mort. Cette fin. Cette éternité. Harlie n’arrivait pas à se décider. Il avait mal à la tête. Il avait mal partout. Vraiment partout.

Quand Albertina s’agenouilla face à lui, Harlie aurait donné beaucoup pour qu’elle le prenne dans ses bras frêles et lui dise que sa place était ici. Qu’il avait tout droit d’exister en ce monde. Qu’il avait le droit d’être dans cette chambre, que personne ne lui en voudrait. Un tas de mensonges. Le brun voulait entendre des paroles réconfortantes et non pas la vérité. Pas maintenant. Juste il voulait se reposer. Parce qu’il ne pouvait rien faire d’autre. Harlie se sentait si faible. Médiocre, insignifiant. Devant un être qu’il voulait dominer, effrayer. Pouvoir contrôler. L’image que l’intendant aimait donner de sa personne, celle d’un ascète acerbe, s’effritait petit à petit. Il se rappela avoir déjà pleuré face à Albertina. S’être fait consolé par cette dernière. Un sentiment de gêne l’envahit. Comment pourrait-il, par la suite, se montrer aussi distant et fier qu’autrefois ? Son hypocrisie serait trop marquée. Son masque trop visible. Pire, ce serait trop facile de lui enlever. La rousse n’aurait qu’à faire une allusion à ses déboires pour qu’il s’écroule. Sensible Elle en savait trop. Il fallait l’éradiquer. La sirène risquait de devenir une faiblesse. Harlie en avait déjà tant qu’il ne pouvait se permettre d’en rajouter. Non, le golem n’avait pas confiance. Comment pouvait-il ? La vie lui avait fait apprendre ses leçons. Une d’elles était que la confiance ne mène qu’à une chose : se faire bafouer, piétiner. Et tous ceux qui disent « fais-moi confiance » en tendant leurs mains et sourires sont ceux dont il faut le plus se méfier. Mais il arrivait à Harlie d’oublier ses leçons et de mettre un peu de croyance dans les autres. En se disant que peut-être, il trouverait l’exception à la règle. Hélas, toujours on le corrigeait brutalement. Juste le golem avait-il fait une faute. Encore. Mais il n’avait pas la possibilité d’effacer pour recommencer. Si dur de vivre. Pourquoi vivre ? Trop de fois l’intendant avait juste l’impression de survivre.

Un à un, les boutons se défont. Si facilement. Harlie regarde ces doigts fins descendre sur son torse, dévoilant un peu trop d’intimité. Son torse d’homme, entre deux pans de sa chemise. Sa peau mate, égayée de couleurs simples. Par-dessus, l'éclat de quelques bijoux. Un schemhamphoras doré autour de sa gorge tatouée se balance sur un cordon noir, entre le sceau de Salomon et un swastika de bois. Sur une double chaine, plus longue, un pendentif richement orné. Une Khamsa. Des symboles à qui on attribuait des forces magiques qu’Harlie ne pouvait ignorer. N’était-il pas l’œuvre d’une kabbaliste ? Quel serait son droit de dire qu’il ne croyait pas à toutes ces sottises. Ce serait mentir. Le golem ne quittait toutes ces protections que contre son gré. Il ne les enlevait ni pour se laver, ni pour dormir. Pas même pour courir ou jouer à la bête à deux dos. Pourtant, que leur balancement parfois l'irritait. Qu’est-ce qu’elles étaient bruyantes quand elles s’entrechoquaient, toutes ces amulettes ! Cette camelote. Mais Harlie les aimait. Les choyait. Se sentait protégé. En sécurité. Elles le rassuraient comme une présence maternelle. Toutes étaient des présents de Simcha. La preuve qu’elle tenait à lui. Qu’elle ne voulait pas qu’il lui arrive malheur. Des preuves d’amour s’opposant aux cicatrices parcourant son corps. L'intendant étira ses épaules en arrière. Son regard défait tomba sur ses cuisses. Cette intimité le gênait. Non pas parce qu’Albertina voyait un peu de sa peau. Elle allait certainement en voir plus – ne devait-il pas enlever sa chemise ? N'avait-il pas accepté ce fait ? Cela seulement participait à son embarras. Il y avait le fait d’être dans cette pièce, avec elle. Qu’elle le déshabille. Qu’elle soit superbe. Si affriolante. Si proche. Le brun n’aurait qu’à se pencher pour l’embrasser.

l'exquise élève le regarde. Le voilà qui tourne la tête pour répondre à son regard. Albertina répondit à sa question. Si tardivement. N’était-elle plus énervée ? Ne l’avait-elle jamais été ? Tout était tordu, étrange, distendu. Incroyable. Harlie répondit, plus vite qu’il ne pensa. « J’aime bien les roses, oui… » Le brun n’avait pas bien compris, avait oublié sa question. Et tout lui revint, après coup, en mémoire. Tout s'en lui allait et venait, par vagues. Ses envies, ses pensées. Les nausées. Un instant le golem ferma les yeux et secoua sa tête. Mauvaise idée. C’était comme si son cerveau se cogna contre toutes les parois de son crâne. Sa paume gauche appuya brièvement sur son front avant de retomber sur sa cuisse.

« Je ne sais plus ce que je raconte… Excusez-moi. Qui plus est je préfère les cytises. » Une triste fleur, dont la signification est « vous m’avez brisé le cœur ». Mais son parfum lui plaisait et Harlie aimait son côté empoisonné. Il en était fou. Harlie se tut un moment, se trouvant bien bavard tout à coup. Un peu trop. Pour ne pas sembler ingrat, le fier monstre se força toutefois à articuler deux autres mots – la réponse qu’attendait Albertina. « Le vert. » Une noble couleur, tout juste entre le bleu céleste et le rouge infernal. Une couleur qui lui allait si mal. Rassurante, rafraichissante. Une couleur qui lui allait si bien. La moisissure, la putréfaction. Une teinte double, pleine de significations opposées. Un tout à elle seule. Lui n’aimait pas cette couleur entre autre. Il l’aimait, point final. C’était sa préférée et de loin. Pour une fois qu’Harlie ne vacillait pas entre « peut-être » et « certainement ».

Ses mirettes observaient le visage d’Albertina. Il manquait plus que jamais de vocabulaire pour la décrire. L’alcool entravait ses plus beaux mots et ne laissait venir que les plus banals. Belle. Si belle, trop belle. Et lui ? Laid. La beauté ne savait sur quoi s’attarder. Certainement cherchait-elle ce qui était le plus dégoûtant. Le visage de l’être de glaise ou son torse orné ? Cela l’avait surpris, Harlie le sentait. Pourtant, sa gorge était entièrement tatouée. Ne s’était-elle pas attendue à retrouver la même chose sous ses habits ? De plus en plus, le golem se sentit gêné. Il avait envie de fermer de nouveau sa chemise, ne sachant finalement pas ce qui avait ainsi arrêté la sirène. Il avait pensé que c’était ses tatouages. Peut-être n’étais-ce finalement pas cela , Peut-être étais-ce le fait de le mettre à nu. Ne lui avait-elle pas fait de nombreuses avances ? Peut-être que c’était lui qui risquait de se faire violer, dans cette pièce. Allons. Le voilà qui fantasmait. Ses sourcils de plus en plus se froncèrent, ses muscles se tendirent. Il se décontracta à la question finale d’Albertina. Si innocente. Harlie se demandait si ses souvenirs de l’Albertina outrageuse n’étaient pas des déformations dues à l’alcool et que les rapports de la mère de la belle sirène n’étaient en fait que les ragots d’une femme vieille, aigrie de voir sa fille s’épanouir. Ah. Il savait tant d’elle. Albertina savait-elle au moins son prénom, à lui ? Harlie se racla la gorge et tendit ses poignets à la sirène. Il y avait là encore deux boutons qui l'entravaient, comme des menottes que seule elle pouvait défaire. A sa merci.

Le golem se demanda s’il devait répondre à cette question. Harlie avait été touché par sa simplicité, son étrange candeur. Si peu dangereuse, lui semblait-il. Il voulait lui faire confiance. Il voulait essayer, encore une fois. Faire de ce moment de gêne un moment intime. Entre deux êtres se faisant confiance. Les souvenirs de Klaus le poignardèrent dans le dos. « IDIOT ! » lui cria le fantôme de son traître ami.

« Ce ne sont pas des tatouages. Ce sont des plaies. » Une vois faible, un visage se détournant vers le lit de la belle. Un frisson, un sourire embarrassé. Se confier n’était pas quelque chose qu’il aimait faire. Et, peut-être qu’Albertina n’aimait pas les histoires tristes. Peut-être qu’elle s’en fichait de lui et ne faisait que jouer cette préoccupation. Pour pouvoir ensuite se servir de lui. Harlie n’avait toutefois pas la force de se lever et de, fier comme un lion, s’en aller passer la nuit dehors. Le golem n’était pas un lion, voilà tout. Juste un clébard qui avait peur de se faire mouiller.

« Quel est votre passe-temps favori ? » Comme un jeu. Apprendre à la comprendre. La connaître par elle-même, de sa bouche. Comme s’ils n’étaient que deux adolescents venant de se rencontrer et n’osant pas avouer se plaire mutuellement. Le golem voulait la sonder, au plus profond d’elle-même. Au plus profond d’elle-même… son désir refit surface, un soupir rougit ses pommettes. La posséder…


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Albertina O. Sørensen
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeMer 4 Jan - 21:02

Finalement, ce fut son regard baissé vers sont torse qu'elle attendit une réponse, une réaction. Encore. Dans cette discussion, tout était fait de mots et d'attente, de supposition et de patience. Heureusement que pour une fois elle en avait, de la patience. Car la flamboyante sirène n'était pas un modèle de calme, loin de là. Elle avait parfois bien du mal à rester tranquillement assise, sans rien faire, absolument rien. Même en cours, elle regardait soit dehors, soit dans la classe. Ou encore, elle faisait les yeux doux à son professeur, quelque chose de ce genre. Elle aimait bouger, se sentir vivante, plutôt que de stagner sur une chaise, à rêvasser, et perdre son temps. Non, tout cela, ce n'était pas elle, ce n'était même pas envisageable. Elle aurait trop l'impression d'être encore plus inutile et dispensable qu'elle l'était déjà. Chose qu'elle ne pouvait pas se permettre.

Ton regard, doucement s'est retrouvé captivé par la multitude de bijoux qui se balancent à son cou. Il ne te semble pas en avoir déjà vu des semblables. D'étranges symboles qui selon toi, ne sont pas anodins ni vides de sens. Tu supposes, car tu ne sais pas. Parfois, souvent même, tu te sens si stupides, à vrai dire. Tu as l'impression de connaître si peu de choses, d'avoir si peu de culture. Et pourtant, tu sais des choses que beaucoup ignorent. Tu ne montres rien, car ce n'est pas l'image que l'on accepte de toi. Tout ce que tu montres, ton corps surtout, et ce visage, ce n'est que l'envie, le désir, la luxure que cela inspire. Et pas une fille intelligente. Pas une femme tout court. Tu le sais, aux yeux de beaucoup, tu n'es là que pour assouvir les passions. Juste bonne à être allongée sur un bureau, un lit. Juste de quoi être sauvagement prise contre un mur. Et le pire dans tout cela, c'est que tu aimes ça. Tu te laisses faire, et tu gémis, sans jamais avoir besoin de simuler, ou presque. Tu aimes ça mais ça te détruit, t'es pourrie à l'intérieur. Un déchet à l'allure de poupée, sale et obscène. Tu les hais. Tu voudrais parfois leur crever les yeux à coup d'ongles. Les éventrer à coups de talons. Voir leur sang sur tes mains, et te dire que c'est bien fait pour eux. Mais tu sais que tes larmes dévaleraient quand même tes joues pâles. Parce qu'au fond. C'est le sort que tu mérites aussi.

Mais au final, l'attente fut de courte, très courte durée. Tu n'as attendu que quelques instants avant qu'une réponse échappe aux lèvres de l'Intendant. Enfin. Ce n'est pas vraiment la réponse que tu attendais, à vrai dire. Pourtant, tu ne dis rien. Juste un léger sourire qui quitte tes lèvres, alors que tu soupires. Toi, tu n'aimes pas les roses, quand bien même elles sont belles. Elles te font penser à toi. Belles, parfumées. Mais pleines d'épines, tellement qu'à force, on les lâche et préfère les piétiner. Pauvres fleurs. Et tu n'aimes pas les fleurs en général.

Sa main se porta à son front peu après sa réponse qui était tout à côté de ce que lui avait demandé la jeune femme. Et sans trop attendre, il s'excusa platement pour cela, avant de pourtant préciser quelle fleur il préférait réellement. Ce nom ne lui disait rien, à vrai dire. Mais qu'importe, elle n'avait pas trop la tête à s'attarder sur cela, surtout pas en ce moment. Et puis. Elle n'avait toujours pas sa réponse à sa question. Certes, cela n'avait rien de vital,mais tout de même. Ah, si. Le vert. Cette couleur lui rappelait la couleur de ses écailles. Un vert poisseux avec quelques reflets cuivrés. Ou encore le vert sombre des algues au fond de l'eau. Tellement de nuances qu'elle retrouvait là où elle voudrait pouvoir vivre réellement.

Et puis, elle aussi le regardait, tantôt son visage, tantôt son torse, encore. Intriguée, ses prunelles turquoise fixant les pendentifs durant quelques instants. Se demandant pourquoi il le portait, pourquoi il en avait autant. Elle ne se doutait pas de leur signification, si ce n'est qu'elles devaient avoir de l'importance pour lui, au moins. Logique, sinon, pourquoi les porterait-il ? Albertina ne portait jamais de bijou, à vrai dire. Enfin, sauf une chose qu'elle gardait toujours dissimulée sous ses vêtements, soit en le portant à son cou, soit dans son soutien-gorge, de façon à ce qu'on ne le voit pas. Actuellement, ledit objet était suspendu à une très fine chaîne en or qui glissait entre ses seins et pendait au dessus du haut de son ventre. Un pendentif d'un côté gravé d'une sirène entouré de poissons et de coraux, l'autre face portant une photo. Un homme, la trentaine. Séduisant, bruns, les yeux turquoise. Avec une jeune fille d'une quinzaine d'années, aux cheveux roux, un sourie des plus adorable et les mêmes yeux que l'homme. Ce n'était pourtant pas son père, mais leurs yeux étaient identiques. C'était l'un des anciens maris de sa mère. Le seul qui n'ai jamais essayé de la toucher. Et celui qu'elle considérait comme son véritable père. Jamais personne ne l'avait fait sourire de la sorte.

Et tout à coup, tu le vois tendre ses bras vers toi. Ses poignets plus exactement. Tes yeux se baissent, et rapidement, tu comprends. Alors, avec un léger sourire, tes deux mains glissent sur ses avant-bras, tes ongles longs et bien manucurés effleurent le tissu trempé de la chemise, pour ensuite en défaire les boutons restants, et lui permettre de l'enlever, sans souci. Et voilà, c'était fait. Tu as fait ce que tu pouvais pour lui. Et puis, est-ce déjà terminé ? Non, tu ne crois pas. Tu le regardes à nouveau, juste son visage cette fois. Attendant, encore un peu, un peu plus.

Jusqu'à ce qu'il lui donne une réponse. Étrange. Surprenante. Et ne répondant pas du tout à sa question. Cela dit, elle ne s'en formalisa pas, car ce qu'il venait de dire avait éveillé sa curiosité. Son attitude également. La tête détournée vers le lit. Un air gêné. Tout cela surprenait la vicieuse sirène, si habituée à le voir insensible. Ou presque. Elle l'avait tout de même vu pleurer. Et ne l'avait pas laissé faire. Parce qu'encore, il lui rappelait Friedrich, l'homme sur la photo. Lui, il n'avait pas peur de montrer ses sentiments. Quand il était heureux, il riait. Quand il était triste, il pleurait. Et à présent qu'il était mort, emporté par la maladie, voir pleurer un homme l'insupportait. Parce qu'elle pensait à lui. Simplement. Stupidement.

Sa seconde te fait hausser un sourcil. Quel étrange moment. Longuement, tu le regardes, plus pensive qu'observatrice. Tu te demandes ce que tu pourrais bien lui répondre. Tu te demandes si cela l'intéresse pour de vrai. Tu choisis de penser que oui. Mais tu ne réponds pas tout de suite. Ta main se glisse dans tes crins roux, lentement, tu défais quelques noeuds, avant de finalement le regarder dans les yeux, souriant très vaguement : « Je nage. Si je le pouvais, je ne ferais que ça. Jusqu'à en mourir d'épuisement s'il le faut... Et je chante. C'est tout à fait banal. Mais ce sont les deux seules choses qui ne me donnent pas l'air d'une pute. » Des mots crus qui t'échappent sans que tu t'en rendes compte tout de suite. Pourquoi avoir dit cela, comme ça, avec tant de franchise ? Tu ne sais pas. Tes pommettes se rougissent et tu soupires. Vite, change de sujet. T'évites son regard et tu mordilles ta lèvre nerveusement. T'aimes pas trop en dire. Et là c'est déjà beaucoup.

« Et vous ? Vous aimez faire quoi de votre temps libre ? Aussi...» Un autre soupir quitte tes lèvres. Tu souris mais t'es pas très convaincante, en fait. Allez, bouge toi un peu. Termine ce que t'as commencé et fuis pas pour une fois. « Ces tatouages que vous avez... Ils doivent bien signifier quelque chose, non ? Je veux dire... Rien que pour les appeliez "plaies" ça doit être quelque chose d'important, n'est-ce pas ? » Voilà. Pas mal. Te pensait-il curieuse ? Peut-être que oui, peut-être que non.

Comprenait-il qu'elle s'intéressait vraiment à lui ? Comprenait-il qu'elle se demandait vraiment tout cela, qu'elle était sincère ? La rousse voulait... Elle voulait le connaître. Et c'était stupide. Elle ne connaissait même pas son nom. Parce que jusque là, elle n'y avait pas fait attention. On a pas besoin du nom d'une personne qu'on ne veut pas aimer plus d'une nuit. « Je n'aime pas trop les fleurs, sinon. Ca me fait éternuer. »

Arrête d'être aussi franche. T'as l'air idiote et trop gentille. Rien de provocant ou d'obscène. Il va comprendre, à force. Que t'es un putain de beau mensonge sur pattes.


Dernière édition par Albertina O. Sørensen le Ven 6 Jan - 6:09, édité 4 fois
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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeVen 6 Jan - 5:51

  Elle semblait être gênée par ses questions. Harlie le voyait plus qu’il ne le sentait. Une main glissa dans ses cheveux qu’Harlie sait doux. Qu’il a déjà effleuré, s’émerveillant de leur beauté. Une épaisse crinière dans laquelle il aimerait enfoncer son visage, pour aller chercher le cou qu’elle abritait. Le remonter et, à l’oreille de la sirène, lui murmurer ce que vraiment il éprouvait. Laisser d’entre ses dents de fauve échapper sa voix de roc, qui porterait les accents poétiques du désir. Car il n’y aurait rien de laid à s’aimer (comme elle disait), dans cette chambre féminine, avec la douceur qu’elle lui inspirait. Avec la beauté de ses cris, la cambrure de leurs corps. Un suçon sur sa fragile gorge, un rouge carmin sur sa peau virginale. Lui voler son dernier souffle. Lui offrir de franchir la mort, porte de la vie. L’initier, la sublimer. Harlie ne comprenait pas les frissons, l’angoisse que ressentaient les êtres à l’approche de leur fin. Certes, le golem ne souhaitait pas décéder ; mais pouvait-on comparer sa mort à celle d’une autre âme ? Lui savait déjà ce qui l’attendait si jamais de cette terre on l’écartait. Cet endroit sans sens, sans temps, sans dimensions. Ce rien. Parce qu’Harlie, cette étoile d’ailleurs, ne pouvait jamais, pour de vrai, connaître la mort. Juste la croiser, la distribuer. Il était plus immortel que les immortels et toujours reviendrait. D’une incantation, d’un chant. Dans ce monde ou dans un autre. Pensiez-vous vraiment être la seule planète peuplée dans cet univers ? Harlie pourrait vous raconter tant de ses vies.

Le silence se brisa sur des paroles dures, portées par un regard qui s’agrippa au sien. Comme s’il lui demandait de la compassion. Un sourire hésitant, des paroles qui ne cherchaient qu’à s’échapper de cette petite fille meurtrie, qui pensait peut-être qu’elle se sentirait plus légère en laissant s’en aller ces mots violents. Ces confessions. Une faute que tous font. Penser qu’un mal serait plus facile à porter à plusieurs. Mais ne valait-il pas mieux tout garder pour soi, emporter ses fardeaux dans sa tombe sans inquiéter quiconque avec ? Vivre dans un monde où on n’échangerait que des bonheurs. Un monde hypocritement heureux. Non pas véritablement malheureux, comme celui-ci. Une communion de désespoirs échangés, s’amplifiants, se rajoutant les uns aux autres. Ne mourant jamais. Leur créateur décèderait, mais les personnes à qui il se serait confessé survivraient. Raconteraient à leur tour sa malchance à d’autres. Encore à d’autres. Toujours à d’autres. Horribles maillons s’additionnant les uns aux autres pour ne former qu’une seule chaine de hurlements déchirants, plaquant tous ces petits corps malheureux contre le sol. Jamais sur cette terre pauvre ils ne connaîtront les plaisirs des cieux, ainsi retenus. Trop faibles pour s’échapper. Mais ils l’avaient cherché. Ils avaient voulu cette chaîne avilissante ! Par leurs larmes, leurs reproches, leurs mensonges. Les blessures qu’ils s’infligeaient les uns aux autres. Une maladie hautement contagieuse. Harlie, lui aussi, était tombé malade. Où était passée la noblesse, la fierté de ses premiers jours ? Pourquoi ne s’était-il pas encore suicidé, pourquoi se complaisait-il dans la vie qu’on lui offrait ? Cette vie de larve agonisante. Si trépidante ! Vivre… qu’Harlie aimait cela. Albertina semblait détester cela. Elle voulait nager pour se noyer. Elle chantait sans but. Elle ne s’aimait pas. La sirène rougit d’avouer cela. De son plein gré. Peut-être que comme lui, elle n’aimait pas se dévoiler. Quelles étaient ses raisons à elle ? Tout savoir d’elle. La disséquer. De nouveau la rousse mordilla sa lèvre, un tic qui toujours revenait quand un sentiment trop fort l’enveloppait. L’envie, la honte. Ce soupir qui souleva le cœur du golem. Mais il crut que ce n’était qu’une simple nausée. Les mots ce sont les deux seules choses qui ne me donnent pas l'air d'une pute. raisonnèrent encore dans sa tête. Il eut une seconde nausée, mais décida de garder son trouble pour lui. Ses souvenirs…

Albertina, cherchant à éloigner ses mots à elle, lui retourna sa question et sembla vouloir rajouter quelques mots de plus. Des mots qui frappèrent Harlie de plein fouet. Cette phrase qui lui avait échappé, comme un souffle. Les yeux du golem papillonnèrent, ses pupilles bougèrent d’un coin à l’autre de la pièce, parfois effleurant le visage d’Albertina. Pris dans les filets de ses propres mots. Sa gorge voulut prononcer quelque chose, mais l’esprit n’avait aucune phrase de prête. Juste un « gargl » lui échappa. Et ce sourire ! Timide. Cela lui rappelait ces adolescentes timorées qui, quand il se déplaçait en ville, croisaient parfois son regard. Intéressées par sa taille, par son air d’étranger. Certaines l’arrêtaient, pour lui demander s’il était américain, dans un anglais approximatif. Dans un japonais sans accent, le golem leur répondait qu’il était originaire de Bosnie-Herzégovine. Cela les faisait doucement rire. Elles demandaient où c’était. Pour s’amuser, le grand brun leur répondait que c’était entre la Croatie et la Serbie. Elles haussaient les épaules, ignorantes. Un sourire charmeur alors éclairait ses lèvres charnues et il leur proposait de leur donner un avant-goût de l’amabilité des hommes de sa patrie.

Harlie aimait ces petits sourires pleins de doutes et secrets.
Ces petits riens de la vie.

Peut-être tentait-t-elle de fuir ses réponses et questions, en détournant la conversation vers les fleurs. Pourquoi donc ? Albertina semblait être effrayée. Ce moment était-il trop intime ? Certainement. Harlie s’en voulut. Peut-être se sentait-elle obligée de maintenir la conversation qu’il avait débuté. Politesse. Ces mots faits pour apaiser, qui cachaient les vrais caractères. Les violents, les solitaires. Obligés de se modérer. Mais chez Albertina, Harlie eut l’impression que c’était le contraire. Que l’Albertina qu’il avait toujours vu, cette pute, n’était qu’une façade à une jeune femme beaucoup plus agréable. Harlie ne savait laquelle il préférait. C’était toutes deux les facettes d’une même personne. Et cette personne, il l’appréciait de plus en plus. Sous toutes ses formes. A peine la sirène finit-elle sa phrase, qu’Harlie éternua. Comique hasard. Par habitude, le golem garda la bouche fermée et colla son menton à sa poitrine pour éviter de projeter ses miasmes partout. Oui, cela faisait mal au nez. Oui, il faisait un bruit de chiot aboyant quand il éternuait. L’intendant renifla, releva la tête. Mais ne présentait que son profil à celle qui l’hébergeait. Pétrifié par le désordre qui régnait dans sa tête. Et dans ce désordre de pitié, d’alcool, de gêne, de fatigue, de gentillesse revenait une phrase.

ce sont les deux seules choses qui ne me donnent pas l'air d'une pute.
Un coup au cœur.

D’un geste non-pensé, le golem tira les pans de sa chemise hors de son pantalon et, par des gestes quelque peu désorganisés, enleva ce qui cachait son buste. Sans demander à Albertina de clore son regard. Sans rien. Parce qu’il allait lui demander de regarder. Ce corps aux bras presque entièrement couverts d’encre et cerclés juste sous les deltoïdes de bracelets de nœuds. Ce côté gauche meurtri d’une large brûlure camouflée par cet étrange dessin. Cette jeune femme peinte de verte surgissant d’entre des crânes d’animaux. A elle seule, la complexité de sa relation avec les femmes. Sa forte main caressa sa poitrine, comme s’il cherchait à coiffer les cheveux de la femme tatouée. Il souriait. Ses doigts s’égarèrent sur les seins du dessin.

« Le visage que j’ai choisi pour ce tatouage est celui de Shahzadeh. » Un soupir. Son regard revint, hésitant, sur Albertina, avant de regarder de nouveau à côté. « Celle à qui j’ai donné virginité. » Sa voix trembla légèrement, le forçant à s’arrêter. Il n’aurait pas pu aborder sujet plus étrange. Plus personnel. « Une pute doublée d’une garce. Comme vous. » Sa main retomba sur ses cuisses. Il noua ses doigts, peu sûr de lui-même. L’insulter n’était peut-être pas une bonne idée. Sauf qu’il ne l’insultait pas. « Pour un morceau de viande, elle remontait ses jupes. » C’était en temps de guerre et plus d’une aurait fait pareil. Orpheline de toute famille, avec déjà deux enfants. Si jeune, pourtant. Dix-sept ans. Le golem se rappela un jour lui avoir donné un morceau de viande de chien, faute d’avoir trouvé quelque chose de mieux. Cela passa inaperçu. Un rire léger secoua ses épaules alors que tout son dos se courba. Son bras gauche vint barrer son ventre. Dans sa paume ouverte il vint poser son coude droit et dans sa dextre le golem appuya son front, cachant son regard à la sirène. « Elle avait beaucoup d’esprit. Elle m’apprit aussi à lire l’arabe, en même temps qu’à ses gosses. Je l’adorais. Je l’ai même demandée en mariage » Harlie changea la position de son visage, pour pouvoir observer Albertina. Malgré qu’il sache que cela allait l’exaspérer. Sa vue était brouillée par des larmes s’amoncelant aux coins de ses yeux. Un sourire nostalgique déformait ses lèvres. « Elle a refusé. » L’intendant avait dit cela comme si c’était évident. Il tut que par la suite elle s’était moquée de lui. Que cela l’avait tellement blessé qu’il l’étrangla, noya son fils et força sa fille aînée à sauter par la fenêtre. Et maintenant, il portait, comme un fardeau, le visage de cette martyr. Comme il portait la gourmette de Simcha à son poignet. Une lourde chaîne, un boulet. Deux des femmes qu’il avait osé aimer. Pourquoi racontait-il cela ? D’épaisses larmes roulèrent sur ses joues, qu’il effaça de ses mains défaillantes. « Désolé. Je ne sais pas pourquoi… »

Ce sont les deux seules choses qui ne me donnent pas l'air d'une pute.

« Je n’ai pas supporté… Vous m’avez vexé…

Il n’y a pas de mal à être une pute. »


Sa réaction semblait totalement irrationnelle, et l’était. Se mettre à pleurer pour quelques mots qui avaient remués un souvenir. Un mauvais souvenir. Chacun de ses tatouages était une ombre de son passé dont il n’arrivait pas à parler sans pleurer. Les moments les plus détestables de sa vie, qu’il aimait se rappeler chaque fois que devant un miroir il passait. Pour se remémorer que si personne ne l’aimait et le plaignait, c’est qu’il y avait une raison. Le golem saisit la serviette qui avait servi à essuyer ses cheveux et cacha son visage dedans, se courbant jusqu’à ce que son nez vienne toucher ses genoux.

C’était sa façon à lui de lui dire que cela le rendait triste de savoir qu’elle ne s’aimait pas alors que lui l’adorait. Cela lui avait fait très mal. Sans qu’il ne sache trop pourquoi.

Il l’adorait. Harlie venait de s’en rendre compte.

Il adorait Albertina.
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Albertina O. Sørensen
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeSam 7 Jan - 13:29

Fuir. Toujours un peu plus, toujours un peu plus loin. Séduire, mentir pour ensuite s'enfuir. Elle n'usait pas de mots pour tisser ses mensonges. Soupirs et regards langoureux, caresses et étreintes passionnées. Simplement. Elle était le mensonge, le respirait et le répondait. Rien de plus. Albertina n'avait rien de vrai, au fond. Elle jouait à la catin, avec ses tenues si courtes, et son allure provocatrice. Et pourtant. Au fond, elle ne demandait qu'une chose. De la tendresse. De l'affection. Quelque chose de vrai qui ferait petit à petit s'effondrer le mensonge qu'elle bâtit depuis des années déjà. Quelqu'un pour l'aimer sincèrement, et pas juste en apparence. Mais ça, elle le savait pertinemment, ça n'arriverait pas. Jamais elle ne trouvera quelqu'un à même d'aimer une créature si faible, si avilie par ses vices, totalement soumise à eux. Toujours prise à désirer autrui, à le vouloir dans son lit, entre ses cuisses. Et quand bien même elle choisissait avec soin ceux qu'elle voulait posséder, cela ne changeait rien au résultat. Esclave de ses pulsions, elle était sale et mauvaise. Juste bonne à être utilisée et jetée. Sans compassion. Sans remords. Et penser tout cela. C'était comme un coup de poignard, un autre.

Et alors ? Elle continuait de le penser. Comme si c'était normal. Comme si c'était la logique des choses. La rousse ne connaissait que trop bien l'avis d'autrui sur sa personne. Il y en avait si peu pour l'aimer réellement. Si peu pour l'apprécier, du peu de sincère qu'elle donnait. Cette fille, qu'elle traiter de connasse avec une voix doucereuse. Sakon. Elle la connaissait si bien, et pourtant. Même à elle, elle mentait parfois. Alors qu'au fond, ce qu'elle désirait, c'était retourner dans sa mère aux eaux froides, sans pitié, et rester là-bas, tranquille. Pas vraiment heureuse, mais loin du reste. Parce que le reste c'était trop. Et qu'elle n'en pouvait plus. Sentiment qu'elle étouffait sous la dentelle et les froufrous, ainsi que le maquillage. Ne pas se montrer si faible. Elle l'avait déjà suffisamment été par le passé.

Un expression s'échappant de lui te fait revenir à la réalité, si dure et atroce. Tu clignes des yeux quelques secondes, l'observe encore. Et encore. Parce que tu n'as rien d'autre à faire. Pourtant, outrageuse sirène, tu pourrais lui sauter dessus, t'occuper de lui de la plus perverse de façon. Sauf que ce soir, le coeur n'y est pas. Lassitude due au manque de sommeil, ou tout simplement, faiblesse de le voir ainsi. Inattendu de la part du fier Intendant qui toujours se montrait droit, intransigeant. Inébranlable. Jusqu'à ce soir, tu le pensais. Mais à présent. Il est devant toi. L'alcool est un poison qui avili tous les êtres osant y goûter. Tu t'en rends compte, n'est-ce pas ? Regarde donc cet état pitoyable qui est le sien. Il semble un peu perdu. Se rend-il réellement compte de la personne en compagnie. Réalise-t-il que lui qui toujours t'avais obstinément soutenu qu'il ne se rapprocherait d'une élève, était à moitié dévêtu dans ta chambre ? Bonne question.

Un éternuement. Elle sursauta doucement et soupira, passant une main sur son front, pour en repousser les mèches rousses et indisciplinées. Cette longue chevelure qui presque caressait le creux de ses reins. Elle allait devoir la couper bientôt, car déjà, elle était bien longue et compliquée à coiffer correctement. Tous les matins, et cela commençait à légère l'agacer. Car au fond, il bénéficiait là du peu de douceur et de patience qu'elle se sentait encore capable d'éprouver et montrer à qui que ce soit. Parce que jamais la douceur de lui avait apporté quoi que ce soit de bon. Des coups, des insultes. Maltraitances à outrance et pleurs à n'en plus finir. Trop de tout.

C'est alors que tes prunelles à nouveau sont attirées par lui. Tu le fixes, le détaille, le dévisage. De son plein gré, sans que tu n'aies ajouté quoi que ce soit de plus. Il retire totalement sa chemise, et toi, tu l'observes. Longuement. Tu vois tellement de choses que tu ne soupçonnais pas vraiment. Que tu n'osais imaginer. Des tatouages à perte de vue sur ce corps impressionnant et immense. Tes yeux se perdent sur ces étendues d'encre, sans que ton esprit, une seule fois, ne puisse se douter de leur signification. Et pourtant, tu aimerais savoir. Tu aimerais mieux le connaître, à travers cette multitude de dessins sur son être. Mais tu ne sais s'il risque d'accepter ou non. Tu ne le vois pas se confesser à toi. Lui qui ne t'aime pas. Si tu savais.

D'ailleurs. Toi ? Est-ce que tu l'apprécies ? Est-ce que tu l'aimes ? Tu n'en sais rien. Non non, pas d'amour pour toi, vile créature sale et dégoûtante. Alors pourquoi autant d'acharnement ? Tu es certes obstinée dans tes désirs, mais c'est une cause perdue d'avance. C'est ce que tu penses, en un sens. Parce que tu es ignorante. Aveugle peut-être aussi.

Et ses prunelles finirent par être attirées vers ses doigts, qui lissaient la chevelure d'encre, sur sa poitrine virile. Elle l'observait, alors que finalement, ses paroles commencèrent à se faire entendre à ses oreilles. Un prénom. Quelque chose d'exotique. Joli, également. Elle releva les yeux. Qui croisèrent ceux noyés d'hésitation de l'homme lui faisant face. Surprise, elle pencha la tête sur le côté. Il se confessa. La surprise doubla. Il lui confiait quelque chose de pourtant très intime. Jamais elle n'aurait pas pensé cela possible, venant de lui. Sa virginité à elle. A qui l'avait-elle donné ? Un homme, mais lequel ? Ah oui, le jardinier. Qu'il était mignon, amoureux de toi comme un fou. Jeu dangereux. Elle l'avais eu. Elle l'avait jeté. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'était qu'il s'était suicidé peu de temps après. De désespoir.

Une pute doublée d’une garce. Comme vous. Albertina resta muette en l'entendant, mais quelque chose se serra en elle. La colère pointa dans son regard d'océan, qui tout à coup, se faisait emplit d'un tumulte furieux. Il l'insultait. Encore. Aussi détestable que désagréable. Même alors qu'elle l'accueillait dans sa chambre, qu'elle prenait soin de lui, il avait le culot de lui parler ainsi. Parce que la vérité blesse plus que tout, quoi que l'ignorance soit la pire des insultes. La demoiselle détourna le regard, visiblement vexée, fixant la douceur du tapis sur lequel ils se trouvaient, ne remarquant son changement de position que du coin de l'oeil. Il se cachait ? Qu'importe.

Les paroles continuent à faire leur chemin. Toi, tu serres entre tes mains trop pâles le tissu doux de ton peignoir, partagé entre la peine et la colère. En te parlant comme ça, il t'a blessée, toi qui pour une fois, ne tentait pas de le séduire, juste d'être gentille. Il t'a mise en rogne, parce qu'il est odieux avec toi. Une fois de plus. Et pourtant, des insultes, tu en as toujours subies. Pourquoi celles-là plus que d'autres ? La réponse t'échappe. Alors trop fatiguée, tu n'essaies même pas d'aller la chercher, de la poursuivre. Elle reviendra bien toute seule à un moment donné.

Il mentionna le refus, suite à la demande en mariage. Ce fut à ce moment là que la délicieuse provocatrice releva les yeux vers lui. Son regard croisant à nouveau le sien. Des larmes. Et ce sourire si triste. Encore cette main invisible qui venait étouffer son coeur. Ses mains se crispèrent un peu plus, alors que sous ses yeux, elle le voyait pleurer. Mais elle ne réagit pas, figée, troublée. Il s'excusait. Mais elle ne comprenait pas pourquoi. Ce qui se déroulait sous ses yeux n'avait aucun sens, et pourtant... Pourtant, c'était clair. Ou presque.

Il dit qu'il n'y a rien de mal à cela. Alors pourquoi souffres-tu, à chaque fois que tu y penses ? Pourquoi as-tu si mal ? Tu te hais, tu te détestes. Rien en toi ne te pousses à t'aimer. Alors comment quelqu'un d'autre pourrait t'aimer, hein ? Tu n'en sais rien. Mais il est devant toi, et tu trembles quelque peu. Il pleure, et tu ne sais pas quoi faire. Rancune et peine. Compassion et tendresse. Tout ça s'oppose et s'affronte dans ton esprit, sans que tu ne saches quoi faire. C'est tout ou rien. Tu lui en veux follement, mais tu ne veux pas le laisser pleurer comme ça. Alors, bouge-toi un peu. Fais ce que tu as à faire.

Lentement, la jeune femme se redressa, sans rien dire. Juste un tout petit peux. Agenouillée bien devant lui, ses genoux au contact de son corps. Deux bras fins et hésitants virent entourer ce corps trop large, le bout de ses doigts de rejoignant derrière sa nuque. Son front contre sa tête, alors qu'elle fermait les yeux. Et d'une voix tremblante elle aussi, elle lui murmura : « Je ne voulais pas vous faire pleurer... Je suis désolée... Je... Ne pleurez pas, s'il vous plaît... » C'était la seconde fois qu'elle lui faisait une telle demande, et à vrai dire, la sirène se rappelait qu'il n'avait pas vraiment semblé apprécier cela. Alors, elle soupira encore. Il lui avait confié quelque chose de surement très intime et douloureux, elle s'en rendait compte. Alors... Devait-elle lui expliquer cela ? Le pouvait-elle ? Oui. Elle lui devait bien cela.

« Je... Je n'aime pas voir un homme pleurer... Parce que cela me rappelle trop quelqu'un... » Doucement, tu te redresses, juste devant lui. Desserrant un peu ta robe de chambre fine, tu glisses ta main dans ton décolleté si bien fourni, pour en faire remonter la très fine chaîne en or, ainsi que le fameux pendentif. Un rectangle d'or fin, gravé avec précision. Et de l'autre côté, celle jolie photo de vous deux. Ce sourire si vrai et doux venant de toi. Et cet homme qui fut tout pour toi. Tu tends l'objet vers lui, et soupire longuement, avant de reprendre : « Il s'appelait Friedrich. C'était un des maris de ma mère. Il a toujours pris soin de moi, toujours. Il lui arrivait parfois de pleurer, il n'avait jamais peur de montrer ce qu'il ressentait... » Une pause. Tu soupires. Retiens un sanglot et détourne le regard, ta main restant pourtant devant lui, le pendentif toujours sur ta paume, la chaîne le reliant à ton coup frémissant légèrement. « Et il est mort. Depuis, voir un homme pleurer me fait penser à lui. Ca fait mal... Tellement mal. » Tu te tais. Ta main se retire, le bijoux retombe, pend sur le haut de ton ventre, alors que tu ne sais que dire de plus. Tes doigts hésitants se glissent sur son avant-bras, pour l'effleurer doucement, cherchant à trouver une réponse.

Et elle fini par fermer les yeux et doucement se pencher. Changer encore de sujet ? Plus de légèreté pour oublier le poids des souvenirs. Alors, elle déposa son front contre l'épaule de l'Intendant. Une moue au visage. Un peu boudeur, un peu troublé. Si proche de lui, si simplement. Peut-être qu'il allait encore la repousser. Peut-être qu'il allait même la frapper. Elle ne savait pas. Mais elle ne bougerait pas pour autant. « Et... Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous aimiez faire pour passer le temps... » Cela l'intriguait toujours.

Et puis. Tu oublies quelque chose, non ? Tu le réalises une fois de plus. Tu ne connais même pas son nom. Après tout, à quoi servirait de connaître le nom d'une personne avec qui tu ne comptais que coucher une fois, pour ensuite ne plus le revoir ? La donne à changé, semblerait-il. Drôle d'impression, fausse qui sait, mais cela te trouble, en tout cas. Et d'une voix emplie de confusion et de gêne, tu finis par demander, te mordillant doucement la lèvre inférieure : « Dites... Ça va vous paraître stupide mais... Je ne sais même pas comment vous vous appelez... Je suis... Désolée... » Sincère, également. Et tu es toujours contre lui, sans rien dire.
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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeDim 8 Jan - 20:50

  Ses mains vinrent chercher sa nuque, le faisant frissonner. Ne lui avait-il pas dit que cet endroit était interdit ? Qu’il refusait qu’on touche à ce lieu sensible, ce lieu de soumission… Harlie refusait qu’on touche à son âme. Son âme inexistante. Cela était fortement lié à sa langue de construction (l’hébreu) en plus d’être perçu par le golem comme l’emplacement du collier du chien qu’il était. En langue hébraïque, le cou était tsavar, basé sur la lettre tsadé, l’hameçon divin qui servait à saisir l’Homme pour l’emmener à la lumière. Quant à la nuque, oreph, littéralement la libération de la tunique de peau, était chez Harlie bien raide… le refus de se laisser harponner, de se laisser enlever à cette chère terre… Il était comme ce peuple biblique contre lequel un dieu s’énerva. Son peuple à la nuque raide… Involué, incapable de connaître et de vivre les lois ontologiques. La liberté. Et puis. N’était-ce pas le lieu de ce qui le rendait si différent des autres golems ? La parole. La sirène effleurait ses sept cervicales. Sept, comme la lyre à sept cordes qu’Apollon remit à Orphée. Symbole du Dieu-Verbe. Sept petits os appuyant sur le pommeau de sa voix, la glande thyroïde. Cette glande que les autres golems ne possédaient pas. Sa fierté. Ce morceau de fruit biblique, ce secret d’Adam. Cette graine de l’arbre de la Connaissance ! En lui. Précieuse, fragile… humaine, divine. Tant de complexité en un être pas même vivant ! Comment osait-elle ne serais-ce qu’effleurer ce lieu saint ? Ce serpent tentateur, tentait-il de lui reprendre ce qu’il lui avait offert ? C’est vrai qu’il avait volé ce don de parole. Que ce n’était pas quelque chose qu’il aurait dû posséder ! Jamais, jamais il ne le rendra ! Parler, s’exprimer, insulter, hurler, aimer, enchanter, ensorceler, chanter, pleurer… organe merveilleux, organe d’émotions ! C’était son cœur, son âme, son esprit. La voilà qui le supplie d’arrêter d’avoir des sentiments. De ne pas les montrer. Mais si on lui a donné la possibilité d’en éprouver, n’est-ce pas pour les exposer ? Pour communier ses joies, ses peurs, ses difficultés ? La colère gronde comme un ouragan, mais une petite plume, un petit rien, l’empêche de zébrer les cieux de ses orages vandales. Ce reste d’ange qui le supplie de ne pas être triste. De ne pas se déchaîner. Et qui pour le calmer, se met à lui conter une histoire.

Son corps svelte le quitta, le surplomba. Le laisse de nouveau seul. Le froid le reprend. Harlie avait apprécié ce contact de chair contre la sienne, en même temps que de le détester. Le corps de cette sirène si blessante, méchante, infecte ! Pourquoi ses désirs vers elle se tournaient ? Qu’avait-elle de plus, ce n’était pas même la plus belle ! Harlie aimait l’opulence de ses formes, tout en regrettant la maigreur de sa taille. Il n’avait rien contre les rousses, mais préférait les brunes. Les brunes aux yeux sombres. Pourquoi elle, donc ? Parce qu’elle prenait soin de lui, lui témoignait de l’intérêt ? Etait-il si seul que cela, pour accepter cet amour idiot ? C’est vrai que l’intendant se sentait bien bête de refuser son amour, alors qu’il en réclamait tout le temps. Le trouvait-il pas assez bien pour lui ? Pas même. Affamé, le golem se contentait trop souvent de n’importe quoi. Il aimait bien aller chatter, rencontrer des demoiselles et les charmer de ses mots. Alors elles le disaient touchant, disaient parfois l’aimer. L’aimer pour quelques jolies phrases. Et Harlie s’en contentait. Rêvait d’une relation, mais ne cherchait pas à en bâtir une. Passif, fatigué.

Cette histoire qu’Albertina débute, il la connaît déjà. Se raidit aux syllabes de ce nom étranger. Friedrich. La mère de la sirène déjà lui a tout raconté. Ce mari plus proche de sa fille que d’elle. Ils se ressemblaient, ils avaient les mêmes yeux. Cela les flattait, qu’on les prenne pour père et fille, et non pas pour amants. Ils avaient couchés ensemble, certainement. Les preuves étaient là. Albertina ne savait faire que tenter et emprisonner entre ses cuisses. Lui était affaibli par la maladie. Lui n’était qu’un homme face à une mirifique sirène. La mère n’avait rien dit, s’était contentée de les maudire. Jusqu’à ce qu’il meure, qu’elle se remarie. Mais comme tous les autres, c’est entre les bras de sa catin de fille qu’ils se complaisaient. Friedrich. Peut-être que la rousse l’avait vraiment aimé, que cela avait été plus qu’une histoire d’humiliation. Humilier sa mère, se montrer plus belle. Comment avait-elle osé ? Pourquoi n’avait-elle pas profité d’avoir à ses côté sa génitrice ? Harlie rêvait souvent, quand il s’ennuyait, à la vie qu’il aurait pu avoir s’il avait été normal. Avec un papa et une maman. Qui l’auraient emmené au parc, non pas caché dans un placard à balai au fond du couloir. Qui lui auraient fait des bisous, au lieu de tester sa résistance aux blessures physiques. Qui l’auraient bordé le soir, après lui avoir raconté une histoire. Qui n’auraient jamais pensé à le faire dormir sous la table de la cuisine, faute de place. Le golem trouvait aberrant ces enfants qui ne respectaient pas leurs parents. Des parents qui leurs avaient donnés la vie, qui les avaient éduqués. Oui, il éprouvait ce sentiment que tous les orphelins de longue date éprouvent : le vide. Et ce trou était encore plus horrible qu’Harlie se savait incapable d’avoir un jour une famille à lui. D’être appelé papa et d’être marié à une maman. Il avait même pensé aux prénoms. Des enfants de cette famille illusoire. Cela le hantait. Le brun, mélancolique, allait souvent voir les sites d’adoption. Se perdait sur des forums familiaux. S’extasiait devant les mails que lui envoyaient ses quelques connaissances, qui lui racontaient les dernières bêtises de leurs bambins, images à l’appui. Mais lui serait seul, toujours. Une route si difficile, qu’il n’imaginait pas pouvoir changer.

Alors, quand il leva son visage larmoyant vers elle, pour heurter ce médaillon représentant un couple si uni, il eut envie de vomir. Comment osait-elle se plaindre ! N’avait-elle pas connu au moins quelques années de bonheur ? Il était mort. Certes. Mais avait pris le temps de lui donner un peu d’amour. Conscient que ses pensées étaient déformées par ses propres sentiments haineux, Harlie enfouit de nouveau son visage dans la serviette. Lui aussi était triste que d’avoir perdu tant de ses proches. Certains l’avaient aimé. Juste pas autant qu’il l’aurait voulu. Ou pas de la façon qu’il espérait. Egoïste monstre, qui aurait voulu que tous ne soient que de vulgaires pantins, dont le seul but serait de lui plaire et d’obéir à ses doigts habiles de marionnettiste. Lui aussi avait mal. Lui aussi ne supportait plus certaines façons d’être… N’avait-il pas avoué qu’Albertina l’avait blessé, en dénigrant ainsi les putes ? Elle lui rendait la pareille, en refusant de le voir pleurer. Il n’y avait rien de mal à cela. Ils étaient pareils. Horribles, méprisants et méprisés. Fatigués, abattus. Ne demandant qu’à être compris et aimés. Elle fait le premier pas, caresse son bras. Veut le consoler, le cajoler. Le golem le sent, se laisse faire. Il n’y a là ni intendant ni élève, juste deux êtres qui tentent de se réchauffer. Qui partagent leurs déboires, pour se montrer qu’ils ne sont pas seuls. Mais pas de cette façon qui tente à faire dire qu’on n’est pas le plus malheureux sur terre et que donc, il n’y a pas à se plaindre. Qu’il ferait mieux de la plaindre elle, plutôt que de se lamenter sur son sort. Non, juste de la compassion et la preuve qu’elle comprenait sa douleur. Car ressentait la même. C’était dur pour lui. Harlie ne voulait pas être compris et se complaisait dans son rôle de héros romantique ; ceux qui se suicident en se jetant de haut de falaises sentant la mer. Le géant voulait rester incompris, pour pouvoir hurler contre tous ces êtres ignorants. Se donner la contenance des génies malmenés, des artistes oubliés. Se croire différent, unique. Un être que personne ne pourrait comprendre. Mais, hélas, elle le pouvait, elle. Comme un reflet dans un miroir à cet instant même. Elle connaissait le sens du mot perte.

La voilà qui vient de nouveau réchauffer son corps gelé du sien ardent, posant sa tête légère contre sa grande épaule. Trop occupé à trembler et pleurer, l’intendant ne se défend pas contre ce rapprochement. Il a envie d’être pris dans ses bras. Il a envie d’être rassuré, aimé. Mais pas juste pour une nuit. Elle revient vers son sujet d’avant. Vers lui et ses loisirs. Elle fuit sa tristesse, ses souvenirs. Emmène ceux de Shahadeh et ceux de Friedrich et les pose derrière eux. Mais ils n’auront qu’à se retourner, pour que de nouveau ils se mettent à se sentir seuls. Le golem pensait de plus en plus qu’elle s’intéressait à lui. Dans son intégralité. Pas juste son enveloppe charnelle. Savoir ce qui flattait son âme et ravissait son esprit. Comme lui avait tenté de savoir, à sa manière de fouine. En allant fureter du côté de sa mère. Ah ! Qu’il avait appris de mauvaises choses sur la demoiselle des mers ! Pour un peu, il la penserait plus cruelle et perverse qu’il ne l’était. D’une voix peu assurée, la sirène se permit de quémander son nom. Des phrases se construisirent dans sa tête. Cela ressemblait fortement aux présentations qu’il faisait sur certains forums Internet. Le golem prit le temps de ravaler quelques grosses larmes. Des larmes du passé.

[lightgray=]« Harlie. »[/color] Il ne jugea pas utile de rajouter ses autres prénoms, trouvant cela trop pédant. Ni même son nom de famille, qui était écrit à côté de la porte de l’intendance. Juste son nom habituel. Celui que les amis utilisent. Comme si elle était proche de lui. Mais comment pourrait-on dire le contraire ? Couchés l’un sur l’autre, possédant des âmes de la même espèce. Ils se veulent forts, alors qu’ils sont si faibles. « Quand je ne suis pas collé derrière un ordinateur, je fais de la corde à sauter ou joue de la harpe. » Harlie se rappela que ses occupations faisaient bien rire les gens. Mais c’était la réalité. Et quand par webcam il leur faisait une démonstration de ses dons, tous arrêtaient de le traiter de fillette. Cela n’avait rien de bien féminin, une brute de plus de deux mètres fouettant l’air d’une pauvre corde ou maltraitant un noble instrument de ses gros doigts. C’était toutefois réducteur de se contenter d’en dire si peu. Harlie profitait grandement de sa vie. Il aimait peindre avec les doigts, danser seul au milieu de son salon, lire des livres du siècle dernier et bavait devant les émissions culinaires. Mais tout cela n’avait pas la hargne qu’Albertina mettait dans ses loisirs. Nager jusqu’à s’épuiser. Harlie certes parfois passait le reste de sa journée à dormir après avoir trop longtemps joué avec une corde, un cerceau ou un bâton. Le golem adorait cela, mais n’en ferait pas jusqu’à mourir. Quant à la harpe. Lui ne trouvait pas cela banal.

Peut-être aurait-t-il dû signaler comme troisième passe-temps les femmes. Alors qu’il tourna son visage, avec l’espoir de pouvoir saisir le regard d’Albertina, voir s’il était aussi rouge de larmes que le sien, son nez rencontra un des seins de la superbe rousse. « Oh. » Ce n’est pas pour autant que le golem tourna son visage, émoustillé et sa conscience endormie. Les femmes et l’alcool… Il ne manquait plus que l’argent et la drogue. Et un cigare. Harlie aimait les cigares. « Mais ce que j’aime surtout, c’est ressentir pleinement mes émotions. » Harlie n’arrêterait pas de pleurer pour elle. Il pouvait retenir ses larmes un moment, mais ce ne serait que pour pleurer plus tard. Comme il avait toujours fait. Etre fort en public, faible en privé. Et là, n’étais-ce pas privé, secret ? Intime. Harlie frotta sa joue humide contre la poitrine de la sirène, la séchant. La souillant de ces gouttes qu’elle abhorrait… « Ne pleurez-vous jamais ? » Pour oser demander demander à quiconque de taire ses pleurs, elle ne devait pas connaître la tristesse… « Ces hoquets que vous inspire les souvenirs de cet homme ne sont-ils que des imitations ? »

« Pleurer me fait du bien. Pas à a vous ? »
Avec cette pluie sur son visage s’écoulaient son surplus de ressentiment. Une eau bénie, qui chassait ses tourments. Chacune de ses syllabes était un souffle tiède sur les rondeurs féminines de la sirène. Elle pouvait même, parfois, sentir ses lèvres contre le tissu fin de ses vêtements.

« Albertina… »

Je vous désire.
Cette pointe d’envie que je m’efforce à tuer ne fait que renaître à chaque fois que je vous croise. Cette amativité… Ce frisson qui parcourt mon échine. Albertina…


Un spasme, un soupir brûlant.
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Albertina O. Sørensen
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeLun 9 Jan - 16:06

A nouveau le contact de son corps. Ce corps si grand. Bien plus imposant que le sien, bien plus fort, tout en étant emplit de faiblesses. Et à mesure qu'il lui parlait, elle en découvrait certaines, et se rendait compte que tout cela, elle pourrait l'utiliser pour lui, au cas où il lui ferait du mal, encore. Elle pourrait, oui, le ridiculiser et le décrédibiliser totalement en quelques mots, paroles simples ou geste rapides. Mais allait-elle seulement le faire, elle qui pour l'heure, s'évertuait à se faire apprécier de lui. Cette délicieuse demoiselle qui faisait tout pour prendre soin de lui, sans plus qu'il ne la frappe, ne lui fasse du mal. Non non. Elle ne dirait rien. Elle ne chercherait pas à le rabaisser, lui faire le moindre mal. Ce serait stupide, et elle s'en doutait, le sentait peut-être, il se vengerait surement. Et ce n'était pas nécessaire pour elle. Pas le moins du monde. Albertina était certes une femme frivole, vicieuse et pécheresse, mais rien en elle ne laissait supposer la moindre cruauté, la moindre méchanceté. Non, elle était bien loin d'être mauvaise, la petite sirène. Juste une petite fille qui cherchait de l'amour et de l'affection d'une façon quelque peu viciée.

Tu restes là, contre lui. Tu ne bouges pas et lui pose quelques questions qui paraissent si innocentes, candides. Si étranges dans ta bouche, toi qui habituellement, ne cherche qu'à profiter du corps sans te soucier ni de l'âme ni de l'esprit. Mais là, tu tiens à ces réponses, tu veux savoir. Parce que quelque chose que tu ne sais nommer te pousses à vouloir mieux le connaître, ce géant bourru et imposant. Cet homme qui t'effraie autant qu'il te fascine. La crainte se faisant bien petite par rapport à ta curiosité. Sens-tu cette envie qui le possède et qui l'étouffe, cette envie que tu restes là, pour le réchauffer, son pauvre corps battu par la pluie ? Comprends-tu ce qui le pousse, lui, à vouloir te connaître, alors qu'au fond, il te connaît déjà ? Tu n'es pas au courant de ses agissements. Tu ne sais pas qu'il écrit à ta mère, et que cette dernière, cette vieille vipère se plait à t'accabler de tous les vices, juste pour se sentir mieux ? Pour se sentir moins affreuse, moins atroce. Cette mère qui jamais ne t'avait désirée, au fond. Qui jamais ne t'avait montrer le moindre semblant d'amour. Juste des coups, des insultes qu'elle te crachait au visage jour après jours. Heureuse ? Connais-tu seulement cette sensation ? Pas vraiment.

Et enfin, elle connaissait son prénom. Harlie. Cela avait quelque chose de vaguement féminin. Quelque chose qui troublait la virilité de l'être qui le portait. Et pourtant, elle ne le trouvait pas repoussant ou stupide pour autant. Étrangement, il lui allait plutôt bien. Et l'outrageuses océanide continuait de l'écoutait. Il n'avait pas terminé, semblant prêt à lui révéler un peu plus de lui. Elle en serait bien contente, s'il le faisait. Après tout, il s'était déjà confié à elle, au sujet du tatouage. alors pourquoi pas ses passe-temps ?

Quelques mots de plus. Corde à sauter. Harpe. Deux activités simples, et pourtant. La jolie rousse afficha un air quelque peu surpris. Pour dire vrai, elle ne s'attendait pas le moins du monde à ce qu'il pratique ce genre de d'activités. Son allure, quelque chose chez lui empêchait la jeune femme de l'imaginer faire cela. Et pourtant. Pourquoi mentir ? S'il le disait, elle le croyait, supposait que c'était vrai. Et improbable. Cela dit, elle ne trouvait pas cela risible ou ridicule, quoi que le voir jouer de la harpe devait avoir quelque chose d'assez surprenant. Qui plus est, c'était un instrument à la sonorité agréable et douce, qui s'accordait plutôt bien avec sa voix, qui elle, n'avait rien de banale non plus. C'était tout ce qui faisait la magie des sirènes, si on mettait de côté l'apparence mi-poisson mi-femme. Ce chant tantôt langoureux, tantôt charmeur ou mélancolique qui s'échappait d'entre ses lèvres pulpeuses et avides de baisers. Ces mélodies vicieuses qui servaient à attirer les marins vers de dangereux rochers, les cruelles demoiselles se plaisant ensuite à les voir se noyer, leurs os blanchis couvrant le fond de leurs océans. Tant de choses mauvaises provenant de la délicatesse envoûtante d'une voix.

Dois-tu lui dire quelque chose ? Attend-il d'autres paroles de ta part ? Contre toi, tu le sens doucement bouger, jusqu'à ce que son nez ne vienne à la rencontre de ta gorge si bien fournie. Es-tu gênée ? Mal à l'aise ? Pas vraiment non. Dès que l'on revient au physique, tu te sens rapidement plus à l'aise, tu ne rougis que très peu. Alors, en ce moment, tu le laisses faire, souris à son exclamation surprise, pour ensuite pencher doucement la tête. Ressentir pleinement ses émotions. C'était joliment dit. Ressentir tout jusqu'au bout, sans chercher à les refouler ? Cela te fait penser à Friedrich. Ton coeur se serre un peu. Trop de choses te font penser à lui ce soir. Ce n'est pas bon. Cherche-t-il à te faire pleurer, toi aussi ? Sauf que tu ne le veux pas. Pas devant lui. Devant personnes. Tes larmes, tu les gardes pour tes draps, tu épanches ta peine contre la soie de tes oreilles. Et pas aux yeux de qui que ce soit. Ton image en pâtirait, toi qui toujours parait si fière et hautaine. Alors ?

Le frottement de sa joue mouillée contre elle la fit revenir à la réalité. C'était un peu froid, et sa peau pâle se retrouva couverte de frissons, durant quelques brèves secondes. Suffisamment cela dit pour lui arracher quelques soupirs frémissants. Une question vint alors. Pleurer. Souvenirs. Mensonges. Sa lèvre soudainement maltraitée par ses dents. Quelque peu nerveuses, elle ne savait que répondre. Quoi que dans l'instant, il suffisait de le laisser parler encore. Parce qu'elle n'avait pas les bons mots pour expliquer, dire, lui faire comprendre. Oui, pleurer permettait de se libérer, mais pas n'importe comment, devant n'importe qui.

Et puis. Son souffle contre ta chair te trouble plus qu'il ne le devrait. Cette chaleur languissante qui contre toi doucement s'écrase te fait frémir à chaque instant. Et ton nom, quittant doucement sa bouche, te fait te tendre légèrement, avant de revenir à la normal. Doucement, tes doigts se crispent sur son bras. Tu ne sais pas quoi répondre. Ou plutôt, tu n'oses pas. Il pourrait mal te juger, encore. Et cela serait encore plus déplaisant que le regarde. Si tu savais l'opinion qu'il avait de toi, les choses obscènes qu'il a apprises sur toi ! Peut-être même pleurerais-tu, s'il te racontait. Cependant...

« Je pleure quand je suis seule. Quand personne ne me voit ni ne m'entend... Parce que personne n'a à savoir que je suis triste. Personne ne doit être au courant de cela. » Tu détournes le regarda, quand bien même il ne te regarde pas. Tes yeux troublés dérivent dans cette grande chambre. Tu tombes sur ton lit tout juste défait, tout juste froissé. Le sommeil ne semble toujours pas vouloir t'accompagner et te bercer, car en cet instant, tu es bel et bien éveillée, avec contre toi cet homme tant convoité. Pourtant, vous ne faites rien. Pas de vice en cet instant. Pas vraiment. Si ce n'est sa face contre tes seins. Qu'importe. Si cela peut le consoler, autant le laisser faire. Et au fond... Ce n'est guère désagréable pour toi, n'est-ce pas ?

Et puis, doucement, ses bras vinrent serrer un peu plus l’imposante silhouette de son visiteur contre sa frêle personne. Pour le réchauffer un peu, surement. Pour se sentir moins seule, aussi. Et elle ajouta, d'un ton qui se voulait doux, mais dans lequel on discernait de l'amertume, un peu de gravité, de sérieux : « Je n'aime pas... Montrer mes sentiments aux autres... Par peur qu'on les utilise contre moi, peut-être bien... Ou juste par habitude... » Ses dernières paroles s'évanouirent dans un soupir léger, alors qu'elle recula légèrement, de quoi croiser son regard. Elle ne pleurait pas, certes, mes dans ses orbes, la tempête était visible. Assombries, ses prunelles montraient sa peine, sans laisser échapper la moindre vague, la moindre larme.

Tu le regardes, le dévisages presque. Que veux-tu ? L'embrasser. En cet instant, c'est l'envie qui pique ton âme, qui titille ton coeur. Juste tes lèvres sur les siennes, qui avec toutes ces larmes, ont un goût salé, assurément. Comme la mer. Mais tu n'oses pas. Tu as peur de sa réaction, de ce qu'il pourrait te faire, si jamais tu osais t'emparer de lui ainsi. Alors, d'une voix candide, si étrangère à ta personne habituellement, tu lui demandes,le scrutant de tes grands yeux : « Dites... J'ai le droit de vous embrasser... ? Juste un baiser, un seul... Je ne vous en demanderais pas plus... » Et tu lui souris. Tu montres que tes intentions sont sincères.

« D'ailleurs... Pourquoi êtes-vous venu me voir ? Je veux dire, à part pour votre pull ? Je croyais que... Vous ne vouliez plus me revoir, depuis l'autre jour. » La question te brûlait les lèvres. Et l'amertume se laisse entendre sur les derniers mots. Étrange moment que vous passez tous deux, si proches, et si étrangers l'un à l'autre.
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Harlie Mauchly-Eckert
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MessageSujet: Re: L'ivresse et ses chimères [PV] L'ivresse et ses chimères [PV] Icon_minitimeMer 20 Juin - 14:12

  Ses bras minces serrèrent sa stature, de leur force diminuée par la fatigue. C'est à peine s'il la sentait, ses sens éteints par l'alcool. C'est à peine s'il goûtait au délice de ce moment, abruti par sa vague soirée. Quelle perte. N'avait-il pas là ce qu'il avait souhaitait, en venant toquer chez la sirène ? Un peu de chaleur, un peu de réconfort. Un peu d'amour. Quel désir étrange, de rechercher chez cette vénale créature la tendresse qu'il avait pensé impossible de trouver. Toujours l'avait-il trouvée agressive dans ses quémandes et requêtes. Buste en avant, croupe cambrée, lourds soupirs et lèvres humides, sous-entendus appuyés et gestes explicites. Succube des mers dont tout l'être ne semblait être tourné que vers une seule chose : le sexe. A croire qu'elle était restée bloquée au stade phallique défini par Freud. Ce dernier certainement dirait qu'il lui serait arrivé quelque chose de difficile à ses trois ou cinq ans, qui justifierait cette fixation si détestable. Mais Harlie voyait les choses autrement. Tout d'abord, il avait conscience que Freud était à la psychanalyse ce qu'Hippocrate était à la médecine – un précurseur aux méthodes aujourd'hui controversées. Allonger une femme sur un sofa et lui donner de l'opium était maintenant la dernière chose que ferait un psychanalyste averti. Et, surtout, pouvait-on traiter une créature inhumaine comme si elle était humaine ? Est-ce qu'un quelconque docteur comprendrait les méandres de la violence d'Harlie ou la force qui poussait Albertina à passer ses jambes autour des hanches de quiconque lui plaisait? D'ailleurs, n'était-ce pas propre aux sirènes que d'avoir ce côté séducteur, ce côté pervers ? Pour le nombre que le golem connaissait, beaucoup présentaient ces manies de femmes nymphomanes. Etait-ce donc réellement un trouble du comportement, une maladie à soigner ou un fait génétique propre à la race de la rousse ? Quoiqu'il était possible de contrarier l'héréditaire. La nature profonde. C'est bien ce qui était arrivé à Harlie. Lui, censé mettre en pièces tout ce qui autour de lui lui déplaisait, arrivait à se modérer. A freiner ses ardeurs meurtrières. Pourquoi n'avait-il pas encore décapité Albertina ? Le monstre de terre aurait dû, dès qu'elle s'était présentée à lui, l'appétissante, profiter d'elle jusqu'à la moelle. Lécher ses seins et son cœur arrêté. Comme une bête. Parce qu'il était une bête. Que faisait-il, les reins serrés d’une ceinture, au sein de cette chambre aux objets étrangers ? Où étaient ses armes, où étaient les plaines qu’il aimait parcourir ? Etre vêtu de rien que du sang séché, être l’apex prédateur d’un territoire illimité et non pas l’intendant policé de The Other Side. Saisir la rougeoyante par les hanches et l’enlever sans en demander l’autorisation à quiconque – parce qu’il était libre. Ou presque. Planait au-dessus de lui l’ombre de Bêlit et de la Communauté des monstres. Ne pourrait-il jamais connaître la liberté totale sur cette terre détestée ? Certainement. Il était trop tard. Déjà lui avait-on inculqué une morale qui lui imposait, de façon non-voulue, des règles. Certes, le brun ne les respectait pas toujours, étant encore cette brute baveuse qui hurlait en montrant les crocs. Mais il pensait. Il pensait au bien et au mal et déjà, cela était trop. Harlie avait de la pitié, de la compassion pour ses proies. Impensable.

Il éprouvait des sentiments qui l’empêchaient de remplir sa tâche de destructeur. Vaguement, le golem se demanda si cela lui appartenait vraiment, ou si ce n’était pas une construction de son esprit moralisé, qui cherchait de plus en plus à ressembler aux humains. Eux, la norme absolue qu’on voulait que chaque individu d’ici soit. Demander à un vampire de se comporter comme son repas, demander à un lycan de jouer un rôle d’individu banal. Demander à Harlie de les voir comme des camarades plutôt que comme des jouets. Mais n’est-ce pas ce qu’il avait tenté de faire, influencé par on ne sait quel miracle ? Et toujours ces derniers avaient senti sa vraie nature, avaient senti qu’il était faux. Que ses actes et jugements n’étaient que des mascarades, que rien de tout cela ne lui appartenait. Un golem ne ressent pas. Un golem peut tout juste imiter ce que son maître lui dit d’imiter. Imiter si bien qu’il se prend lui-même à son jeu. Et Albertina, y croyait-elle ? A ce caractère malléable comme de la terre, à ce visage de glaise qui n’était qu’une façade. Une façade à rien. Creux comme le vase d’un potier.

Mais il semblait que la rousse y croyait. Car à Harlie elle se confiait, avouant les rares moments où elle pleurait. On ne dit pas ses secrets à quelqu’un qui nous semble hypocrite. Et la force du golem, c’était de l’être sans l’être. Contrairement à ses dires la sirène se dévoilait tout entière. Elle n’aimait pas montrer ses sentiments à quiconque. Mais rien que dire cela, c’était tant en dévoiler. C’était dire à Harlie qu’elle avait peur de ses propres réactions tout en craignant celle des autres. Qu’elle avait un désir de contrôle sur sa personne, qui trahissait, quelque part, un creux. Un manque. Quelque chose que soit la sirène n’avait jamais réussi à combler, ou qui avait été creusé avec le temps. Il ne pensait pas que, comme lui, Albertina pouvait tenter de camoufler sa véritable nature pour pouvoir vivre avec autrui. Ce doux supplice de vouloir être accepté, tout en abhorrant quiconque l’approchait. Cette envie qui faisait qu’il voulait bien faire partie du groupe, mais qu’il voulait être le meilleur du groupe. Car les rois ont toujours une place autre que celles de ses serviteurs. Une place divine, qui leur permet d’être avec autrui, tout en étant profondément différents. Mais normalement, les rois ne s’abaissent pas au niveau de leurs esclaves. Ce que, ici, on l’obligeait à faire. Le golem sentit une pointe de colère percer son être, à cette idée qu’on l’étouffait. Qu’on l’avait déguisé en paysan et que tous le prenaient pour un paysan. L’apparence fait bien des choses… et Albertina, en quoi l’avait-on déguisée ? En putain, assurément. Parce qu’elle était belle et accueillante. Parce qu’elle avait les cheveux rouges comme le désir et les courbes des succubes. Mais en-dessous de ce costume, qu’était-elle ? Albertina disait ne pas aimer se dévoiler. Quoiqu’elle semblait facilement se laisser déshabiller. Mais pouvait-on dire qu’elle était vêtue ? Harlie se souvenait très bien de la facilité avec laquelle il avait pu glisser ses mirettes sous sa jupe. De comment elle jouait de sa nudité travestie. Rien que là, il devinait toutes ses formes. Savait où se trouvait le bout de ses seins, où s’arrêtaient ses hanches. Où étaient ses artères, quelle place occupaient ses cervicales dans son cou d’oiseau charmeur… Ah, il les embrasserait, bien, oui ! Avec les dents. Comme elle l’embrasserait bien…

Avait-elle vraiment osé lui demander ceci ? Harlie bougea quelque peu son visage, pour pouvoir croiser le regard de la sirène qui le soutenait tout contre elle. Et ne répondit pas. Se contentant de la scruter, sans véritable expression. Les larmes, l’alcool ? Non. Elle lui avait demandé la permission. C’était étrange. N’était-elle pas du genre à prendre, pour ensuite jeter ? Toutes ces pauvres âmes qui s’étaient laissées séduire… s’y était-elle prise comme elle le faisait à l’instant ? Atteindre de leur part une faiblesse pour en profiter ? Ah. Qu’elle ne s’imagine pas que cela se passerait ainsi avec lui ! Qu’elle s’en ira quand elle le voudra, sans aucune peine ! C’est lui qui allait l’attaquer, la bouffer, la malmener. Il le savait. On ne le quittait pas parce qu’on ne l’aimait plus. Mais parce qu’il faisait peur.

Et, comme si finalement la sirène redoutait la réponse du golem, elle changea de sujet. Avait-il donné l’impression de ne plus vouloir la revoir ? N’était-ce pas elle qui était partie, furieuse d’avoir été repoussée ? Harlie prit son temps pour répondre, adoptant un air grave. Echappant à l’étreinte d’Albertina pour pouvoir la regarder droit dans les yeux, leurs visages séparés par juste quelques centimètres. Des centimètres emplis de désirs, d’envies mais aussi d’interdits. Une barrière invisible, intangible. Et donc, si facile à dépasser. Il eut un sourire entre ses larmes qui commençaient à définitivement s’estomper.

« Je suis juste venu chercher mon pull. »

Son regard se baissa sur les lèvres pleines d’Albertina. Une de ses mains vint jouer avec ses colliers, laissant le temps passer lentement. Sa bouche, toutefois, laissée entrouverte, présageait une suite, qui ne tarda pas à venir. « Il me manquait. »

Des sens cachés qui ne l’étaient pas véritablement. Ses mirettes retournèrent défier celles de la sirène, Se fermant un moment pour mieux s’ouvrir. Il ne pouvait pas dire qu’elle lui avait manqué. Tout comme il ne pouvait aps lui donner la permission de l’embrasser. Juste tenter de lui faire comprendre. Ainsi, Harlie avait l’impression de pouvoir échapper aux règles qu’on lui imposait. On lui avait dit de ne pas toucher aux élèves. Mais si c’était ces derniers qui venaient le toucher ? Sans qu’il ne formule quoi que ce soit. Le géant pencha la tête sur le côté et laissa sa langue humidifier lentement ses lèvres. Ce n’était pas sensuel, c’était sexuel.

Oui, elle pouvait l’embrasser. Mais lui risquait de ne pas se contenter juste de cela. Albertina était prévenue et, si une partie de l’être de terre espérait que cela suffise à la faire reculer, une autre la désirait ardemment. Ses dents mordirent sa lèvre inférieure. Dernière mise en garde, avant qu’il ne cesse ses paroles silencieuses. Un soupir de taureau lui échappa.
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