Qui est-elle, cette belle sirène ? A quoi ressemble-t-elle ? Toutes ces questions que vous devez vous poser sur moi... Je vais y répondre. Enfin, pas à toutes, justes celles auxquelles je peux fournir quelque chose. Je suis grande. Oh, non, pas une géante, mais pas loin, ce qui ne m'arrange pas tout à fait étant donné que je me fais déjà remarquer à cause de mes cordes vocales... Pour couronner le tout, je suis blonde, avec des cheveux aussi doux que le sable et presque aussi blanc, des cheveux longs et ondulés, soyeux, qui rappellent des tentacules. Aha, oui, je sais, j'ai une imagination fertile... Et en plus, je suis fine. Vous imaginez tous la blonde quoi... "Ouais c'est une bonnasse", patati patata... Mais je ne dirai pas cela. Non. Regardez moi, avec mon air paumé, ou fragile, ou les deux à la fois, on dirait une gamine ( ce que je suis soit dit en passant). Et mes os qui sont saillant, vraiment trèèèès charmant n'est-ce pas ? Un squelette, voilà comment je me qualifierai, quoique, zombie ça le fait aussi. Sauf que je n'ai pas les yeux cernés, jamais ! Ah, ces derniers sont bleus, d'un bleu profond qui rappelle quant à lui l'océan. Là d'où je viens, quoi...
Outre cela, je n'ai pas de formes, ou presque. Et ça me va parfaitement.
Ah ! Et vous me verrez toujours dans des vêtements rouges, enfin quasiment tout le temps. Cette couleur est si sublime, si... Rouge. Couleur du sang qui bat dans nos veines, nous prouvant notre vitalité, couleur de l'amour et des passions qui siègent en chacun de nous. Couleur de la colère aussi. Elle est tout, elle est donc pour moi.
Regardez cette jeune demoiselle qui erre sans but autour de se banc. Puis qui marche le long de ce chemin de terre. Vous vous demandez ce qu'elle fait, n'est-ce pas ? Pourquoi elle fait les cent pas. Ou alors vous vous dites qu'elle a un petit problème mental. Et de cette pensée, vous voulez savoir ce qu'il y a dans sa tête, vous aimeriez pouvoir la comprendre, même brièvement, car elle vous a intrigué, même si ce n'est que pendant un cours laps de temps. Malheureusement, vous ne saurez pas, en tout cas, vous n'en saurez pas plus que moi, qui ai pu la côtoyer et comprendre ce qui se tramait là-haut. Je peux vous en faire un petit descriptif, si cela vous intéresse. Et je suis sûre que c'est le cas.
Déjà, il est des traits communs à toutes les sirènes, que beaucoup connaissent peut-être : elle aime dormir sous le soleil, sur une plage, sentir les rayons du soleil caresser sa peau la revigore et la met dans une humeur paisible. Et, même si elle ne se considère pas comme cupide, elle adore énormément tout ce qui brille, c'est pour ca qu'elle trainera souvent dans des bijouteries si l'occasion se présente à elle, ou alors qu'elle portera pierreries, paillettes, vêtements étincelants. C'est pour attirer, mais inconsciemment, l'attention. Cela ne veut pas dire pour autant qu'elle est inconsciente, loin de là ! Non, c'est une jeune personne très intelligente, affublé d'un caractère assez fort, quoiqu'elle soit assez naïve dans l'ensemble. Mais nous mettrons cela sur le compte de sa jeunesse et de son manque d'expérience dans la vie. bah oui, qu'attendez-vous d'une gamine de quinze ans ?! Qu'elle vous sorte une fonction exponentielle avec la réponse à la solution ? Ou bien vous croyez qu'elle va disserter sur le pourquoi du comment, comme une grande philosophe ? Elle ne connait rien à la vie... Elle a été bercée d'illusion depuis son plus jeune âge, loin de la foule, loin des fous, loin des génies... Mais je m'égare. Je disais donc ? Ah, oui ! Un caractère fort, toutefois atténué par une belle naïveté. Jude, elle est assez particulière, assez intelligente pour vous rouler dans la farine, ou vous faire croire ce qu'elle veut, on l'a éduqué dans ce sens pour qu'elle puisse s'élever parmi les autres, elle a aussi la réplique facile, et assez cinglante quand on la fâche, ce qui arrive assez souvent, car notre demoiselle a changé, et maintenant, elle s'enflamme au quart de tour. Elle est certes assez cultivée, mais s'il s'avère que vous la taquinez sur un sujet qu'elle ne connait pas, vous pourrez vous jouer d'elle assez facilement.
Sinon ? C'est une fille relativement douce et qui ne va pas aller chercher les ennuis. Ou peut-être que si. Je m'explique : il y a des moments ou elle devient folle. Mais folle dans le bon sens du terme hein, juste un accès d'adrénaline, une envie de faire l'idiote, alors elle saute sur le dos des gens, les titilles, il lui arrive même de donner des coups de poings dans les épaules de ses amis ou connaissances, mais pas trop violemment ne vous inquiétez pas ...
Savez-vous comment naissent les sirènes ? Si elles ont des papa sirènes, ou alors si elle gardent leur mère ? Si l'accouchement doit se faire sur la plage, dans l'eau ? Les deux à la fois ? Non, vous ne savez pas comment ça se passe ? Et bien, ce n'est pas moi qui vous le dirai ! Toujours est-il que je suis née. Je ne saurais vous dire à quoi ressemble ma mère, ni qui elle est car, dès ma naissance, je me suis débrouillée toute seule, si je puis dire. Pas pour dégoter de la nourriture ou quoi que ce soit non, j'ai juste été enveloppée par de nombreuses femmes, des sirènes, intriguées par l'apparition d'une petite nouvelle. De cette partie de ma vie, je n'ai que très peu de souvenirs... Je me rappelle les moments que je passais, déjà très jeune, sur le sable, accroupie, mes pieds se faisant chatouiller par l'eau qui affluait, jouant et barbotant, éclaboussant d'autres sirènes avec ma queue de poisson.
Et il y a aussi cette image, qui me revient souvent maintenant, cette impression de rêve, cette brume qui flotte autour de ce souvenir. Je me revois encore, toute jeune, je devais avoir trois ou quatre ans alors, allongée de tout mon long sur un pont. J'aime la pression du bois sur ma joue, l'odeur de bois salé qui en émane. Ma peau capte les rayons du soleil, et, à travers mes paupières closes, je sens sa chaleur, je vois sa couleur, c'est rouge, et un peu noir. Mais rien de désagréable, au contraire. Et ça me fait sourire, quel bonheur, quel bien être ! ma tête désormais repose sur mon coude, je me rapproche du rebord du ponton en bois et laisse pendre mon autre main, caressant du bout des doigts les vaguelettes formées par la mer bleue turquoise. Après quelques minutes passées à ce petit jeu, j'ouvre enfin les yeux, je chantonne, pour attirer ses poissons aux couleurs multiples et magnifiques que je vois rôder autour de ma main, sans jamais l'approcher de trop près, et je sens une présence. Je me redresse, regarde derrière moi, mais ne vois qu'une silhouette noire, je suis à contre-jour. Éblouie, je mets une de mes mains en visière, et sens des gouttes glacées couler sur mon front, mes joues, pour atteindre la pointe de mon menton volontaire. Je ne suis pas effrayée, au contraire, un sentiment de sécurité et de grand bonheur m'envahis. Je ne saurais dire pourquoi. Et dans ce souvenir, j'entends aussi cette voix, cette vois splendide et douce qui me dis :
Tu auras une voix magnifique, ma chérie... Un jour, tu en auras une
...
J'ai grandi depuis. Consciente de ce que j'étais, et d'être la plus jeune parmi mon espèce, et oui, mon âge physique correspondait à mon âge réel, j'ai été attentive aux conseils et pris mes précautions plus que de mesure pour me protéger, nous protéger, les monstres, ainsi que les humains de nous. Oui, j'avais fais une bêtise, et je l'assumais pleinement, ça m'a permis de mûrir, de me faire réaliser que je pouvais être dangereuse, surtout à cause de mon inexpérience. Depuis, j'ai compris la leçon. Je n'approche plus les humains, et je ne chante que quand je sais être seule...
Oui, vous avez du le comprendre, il m'est arrivé une drôle de chose. Enfin, "drôle" n'est pas le terme à utiliser. Ce serait plutôt dramatique qui conviendrait dans mon cas. Avoir une belle voix, ce n'est pas toujours un avantage. Acquérir une voix de plus en plus délicate, ce n'est pas mieux... Je peux vous le garantir. Vous devez le savoir, notre organe attire les plus résistants des hommes, qui se perdent dans nos filets. Sauf qu'au départ, nous n'avons pas cette capacité. Et heureusement que cela arrive. Car je chantais comme un pied il y a seulement quelques mois, 9 mois exactement. Je suis allée à la chorale, pendant tout ce temps, après mes heures de cours. Ça me plaisait, je savais que le professeur de musique pouvait faire quelque chose de moi. Les années on passé, lui était désespéré, moi aussi, mais j'étais confiante, j'allais bientôt muer, comme le disaient mes 'sœurs'. C'est ce qui est arrivé. A mes 15 ans. Et ce jour fut un drame. J'ai chanté, sur un ton particulier, une chanson avec des paroles classiques, basiques mêmes. Et de nombreux hommes ce sont mis à rôder autour de moi. D'abord flattée, cela m'a tout de même énervé. Mais je ne comprenais pas la raison de cet attachement soudain au début. Alors j'ai commencé à chanter des chansons moins gaies, qui parlaient de drames, de la mort, de blessures. Ma voix les transformait, mon chant devenait complainte et certains me disaient qu'ils croyaient que ce chant sortait de mes tripes, qu'il reflétait mon humeur du moment. Une personne m'a même dit que ce chant, quand il était triste, et désespéré, lui donnait envie de finir ses jours. De marcher dans la mer, et de ne pas s'arrêter. C'est malheureusement ce qui est arrivé, un jour. On a retrouvé le corps d'un élève flottant, à la limite de la noyade. Heureusement, il a put être sauvé, mais il a désormais de graves séquelles. Moi, ça m'a perturbé, mentalement. Je ne sais comment exactement, mais de la jeune fille gaie, je me suis un peu renfermée, je suis devenue prompte à la colère, je fuyais les gens. Une sorte d'antisociale, qui perdait son sang froid.
Puis il y a eu The Other Side. Et me voilà ...