CALL ME Camille J. Blossom DO IT IF WE SAY IT | Sujet: Nouvelles et autres d'un serpent bien envieux ♥ Dim 25 Sep - 19:00 | |
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Voilà déjà un texte écrit pour un concours. On avait le choix entre trois thèmes : "Le jour où j'ai perdu la tête", "J'ai trouvé un smartphone dans le bus..." et "La dernière fois que..." Malheureusement, certains textes n'ont tout simplement pas été inscrits, environ une centaine, de par la mauvaise organisation du concours, dont le mien ^^'. Alors, le voici, en espérant que cela plaise =) - Spoiler:
Connais-tu l’histoire du cochon qui sourit ? Le jour où j'ai perdu la tête, il n'y avait ni fantôme, ni faucheuse. Le jour où j'ai perdu la tête, il n'y avait ni sortie, ni entrée. Juste une porte. Une simple porte, dans ce ciel étoilé. Il n’y avait ni ciel. Ni mer. Ni vie. Ni mort. Juste une souffrance aveugle, de celle qui vous détruit, de celle qui vous pourrit, sans pour autant vous apporter le salut éternel d’un soulagement attendu. A jamais. Pour toujours. La douleur sera immuable. Immanquable. Assommante et fourbe. Elle ne fera que voler ce qui pour vous est cher. Elle ne fera qu’avaler ce qui pour vous semblait un point fixe, une étoile, votre étoile. Le mal se répandra dans vos poumons, dans votre cœur, dans vos yeux éplorés. Vous ne pourrez vous échapper, de cette affliction, de ce serpent assoiffé, affamé, sans pitié ni fierté. Tromperie, destruction, apocalypse d’une flamme à jamais éteinte. Pensez-vous comprendre ce que je ressens ? Lame étincelante d’une angoisse lancinante. Ombre divagante d’une fuite tentante. J’aimerai tendre ma main boursouflée vers cette lumière ombrageuse caressant ma joue. Si douce dans cet endroit lugubre…Hurlements de la foule. Leurs dents claquent, leurs poings se lèvent vers ce ciel obscur à jamais fermé à mes suppliques éternelles, à mes yeux larmoyants. Il n’y a ni haut, ni bas, ni gauche, ni droite. Un chaos inimaginable empoignant mon crâne, le malaxant, le faisant rire, le faisant pleurer, sans pour autant s’arrêter. Où est la réalité ? Où est le rêve ? Où se trouve cette frontière sinueuse du voyage ? Folie douceâtre du moment, de ce glissement presque musicale de la lame mortelle. Le temps n’est plus, le temps n’est rien. La douleur est la seule chose vous laissant vivre, vous laissant mourir. Mes doigts tremblent, mes ongles se plantent avec effroi dans le bois pourri, un sanglot dans ce brouhaha incessant de la foule en colère. L’avenir me semble loin, à présent. Et le présent paraît peu avenant, en ce passé révolu. Que dire du passé ? Un souvenir épars disparaissant, aussi vite qu’il était arrivé. Quel goût à une pomme, déjà ? Sucré ? Amer ? Et moi, ai-je un goût ? J’aurais dû me goûter, avant de m’en aller. Regret insupportable, remord instable. Vous semblez ne pas comprendre. Mais cela à tout un sens, oui, un sens…La vie. La mort. Je me répète ? La douleur est atroce, mais la connaissez-vous seulement ? Vous ne serez plus rien…Non, rien. Elle s’enracinera dans la moindre parcelle de votre âme, pour mieux vous savourer, pour mieux se délecter du désespoir qu’elle vous offrira, elle, menace promise à tous, à ceux qui ne comprennent pas, et qui vivent, oh, qui ressentent l’existence ! Vous ne pourrez vous échapper, il n’y aura ni sortie, ni fenêtre par laquelle déposer votre regard douloureux…Il est trop tard. Elle vous à avaler, plus jamais vous ne vous en sortirez. Jamais. Vous voilà assommé, isolés de ce monde, immolés à la voix criarde et désespérée. Tenter de lever la tête ne servira à rien, j’ai déjà essayé. Vous ne ferez que plus vous blesser, vous assassiner peu à peu, lentement, avec une telle lancinance qu’elle en deviendra insupportable…La douleur. C’est un couloir. C’est une salle. Une sphère. Un cube. Un univers. Une particule. Un tout qui n’est rien. Une folie qui est raison. Je n’arrive même plus à hurler ma peine dans cet espace si vide et pourtant, si grand. Cela m’étouffe. Cela me fait respirer. Une liberté. Une prison. Un oiseau. Un félin. Fragilité immuable d’une dureté nerveuse et colérique. Cœur brisé, assoiffé de toute part, par on ne sait quel breuvage empoisonné… Entendez-vous ? Ces pas lourds et menaçants, couverts par les plaintes de la peuplade. L’on dirait une musique, une brise macabre et dansante. Quelques pas rythmés et je ris face à ce masque noir qu’arbore ce paysan. Que crois-tu faire ? J’ai peur. Que crois-tu penser ? J’ai mal. Te souviens-tu ? Aidez-moi. Vois-tu cet avenir ? Sauvez-moi. Aperçois-tu ce mur ? Je ne veux pas m’en aller. Fixes-tu cette ombre ? Ne les laissez pas m’enlever. Sais-tu de qui il s’agit ? Embrassez-moi. Regardes-tu la corde dans sa main ? Aimez-moi. Crois-tu qu’elle va la lâcher ? Ne me quittez pas. Penses-tu qu’elle va rire ? Je vous hais. Vois-tu la lame chuter ? Je vous aime. Connais-tu l’histoire du cochon qui sourit ? Mes yeux se plantent dans les siens, un sourire nostalgique se peint sur mon visage sale, ses lèvres s’entrouvrent d’effroi. Folle, je suis folle. Je danse. Je chante. J’ai mal. Je pleure. Et vous, comprenez-vous ? N’est-ce pas vous les insensés ? Si cela se trouve, je suis la seule raisonnable dans votre humanité boueuse et répugnante. Oui, tout compte fait, je suis la plus rationnelle de vous tous…La souffrance, terrible sentence, monstrueux pêché de l’homme. J’ai mal. La raison est douloureuse. Je suis folle, c’est plus facile à vivre. Vivre…Mourir. Vivre. Mourir. Quelle est la différence ? Je touche le fond. Un fond infini. Si dur de vivre. Si dur de mourir. Je n’en peux plus. Non, je n’en peux plus. Tuez-moi. Achevez-moi. Sauvez-moi. Laissez-moi vivre. Je veux respirer. Je veux rire. Ayez pitié. Quel doux éclat qui se présente à moi…Connaissez-vous cette sensation ? Celle de l’espoir. Oui, un espoir perdu…Le cochon, il va se faire égorger. Vous avez toujours mal et enfin, oh enfin, après avoir crié, hurlé une aide salvatrice, une injustice sans fondement, une infime…Que dis-je…Un interstice de lumière arrive à votre visage contracté par la douleur, cette effrayante souffrance s’étendant vers l’éternité. Oserez-vous lever les yeux ? Oserez-vous lâcher votre pauvre cœur torturé ? Vous avez si mal, mal à en mourir, sans pour autant trouver réconfort dans les bras de la Faucheuse, alors vous continuez à vivre, à pleurer, à sangloter, à laisser votre corps tressauter, assailli par cette affliction sans borne. Et enfin, oh, enfin, après ce qui semble une éternité, voilà un bref salut, une inspiration nouvelle à laquelle vous vous accrocher, pour espérer…Encore…Et encore…Jusqu’à éteindre votre souffle dans un soulagement attendu. Mais il part, le rayon lumineux, vous laissant seul, dans le noir obscur de la souffrance, du mugissement incessant retentissant à vos oreilles. Vous voilà dans une solitude bien plus grande encore, car vous avez espérer. Une douleur plus importante, plus destructrice et sans borne s’empare de vous, car vous avez espérer…Tant et plus qu’il n’est plus possible de revenir en arrière. L’homme au masque empoigne la corde effilée sous les ovations d’un public en ébullition. Je le fixe. J’ai peur. Terriblement. J’ai mal. Magnifiquement. Quelle étrange sensation…Parfaite. Oui, la folie est parfaite. Une euphorie me remplit, déborde de mon être et dans un silence brutal, je pars d’un rire morbide. Sourire béat sur mes lèvres gercés, mes yeux s’affolent, tournent encore et encore, dans un manège clinquant, cassé, brisé, laid comme cette foule effrayée. Le manège de la folie. Un soupir suit ce rire. Lasse, peut-être même impatient. Quel beau moment. La frontière est si mince entre ce passé, ce futur et ce présent torturés. Effroi et bonne humeur mêlés, subtil mélange presque idyllique. Je voudrais bien connaître la suite. Profitez de cet instant. De cette seconde, la dernière. Je ne pense pas me rendre compte de ce qu’il m’arrive, bien que mon corps me dicte de m’enfuir, je garde le sourire aux lèvres et mon immobilité coutumière. De toute manière, il me serait impossible de m’en aller, telle que je suis ligotée…Avez-vous peur ? Êtes-vous écœuré ? Mes lèvres tremblent, du sang coule de mon menton. Pourpre de mes nuits. Pourpre de ma passion. Pourpre utopique de l’illusion. J’aime le rouge. C’est ma couleur préférée. Vous êtes beaux, habillés de sang. Vous êtes laids, de par mes yeux rougis. Tic tac, tic tac, et l’horloge s’arrêtera pour le pauvre cochon. « A mort ! A mort ! » Supplique irréversible de ces paysans aux visages grimaçants. Cela me révulse. J’ai peur. Cela me répugne. J’ai peur. Je vomis. J’ai peur. Que vous êtes laid ! J’ai si…peur. Sa main tire d’un coup sec la corde. Le temps s’arrête. A-t-il seulement existé ? Je lève les yeux vers l’objet luisant. Une larme. Une simple larme. Quatre mots. Quatre mots délicats, s’échappant de mes lèvres tremblantes. « C’est l’heure du thé. » Couik Couik le cochon ! Le ciel est si beau, lorsque l’on vole. La folie est si douce, dans mes mains en coupe. Mes yeux étonnés scintillent, la larme tombe. Bruit silencieux pour ces gens heureux. Qu’attendaient-ils ? La fin de l’histoire, évidemment. Je me demande si l’homme pourra voler, un jour. Oui, je me demande si je pourrais être libre, un jour. Aujourd’hui ? Hier ? Demain ? Ah ! Il n’y a plus d’avenir, ni de passé, ni même…de présent. Le néant. L’infâme néant. Inerte. Sauvage. Mouvant. Docile. Sifflement du métal, chair qui se détache, douleur qui s’estompe et qui surgit. Mais ce n’est pas la même, non, pas la même…La souffrance brève et terrible remplace celle d’une vie, de ma vie…Ah. La porte s’ouvre, la lumière me réchauffe, un pas et l’éclat s’estompe. Je me demande si j’ai été emprisonné, un jour. Et le cochon ? Il a sourit. Remords. Regrets. Affliction punitive. Violence circoncise. Destruction d’un être. Peine innommable. Qu’importe la nature de cette douleur, ce sera le même effet. Qu’importe son arrivée ou sa manière, vous vous recroquevillerez sur vous-même, si faible dans cette boue noire et immonde du chagrin, sans fin, ni paix. Sanglots. Pleurs. Hurlements désespérés d’une âme emprisonnée. Vous ne pourrez jamais vous libérer, et vous souffrirez en criant de désespoir. Mais personne ne vous entendra. Cela recommencera, sans fin, ni début, ni endroit où se cacher, où même se tromper. Vous êtes fait, vous êtes prit, car Elle est la plus forte, Elle a tous les droits, Elle vous torture en riant…La Souffrance. Alors, comprenez-vous ce que je ressens ? Le jour où j’ai perdu la tête, la lame a glissé, la lame a tranché et je ne fus qu’un corps sans vie. Le jour où j'ai perdu la tête, fut celui où la vie a caressé ma joue, et où la mort a embrassé mes lèvres. Justine Lortal
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CALL ME Camille J. Blossom DO IT IF WE SAY IT | Sujet: Re: Nouvelles et autres d'un serpent bien envieux ♥ Lun 26 Sep - 11:28 | |
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Merci *//*
Heureuse que cela te plaise :) Je me suis défoncé pour son texte, donc bon, j'étais verte quand j'ai vu l'organisation merdique de ce concours et puis, je ne voulais pas qu'il croupisse dans les oubliettes x)
Merci beaucoup =3 |
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