CALL ME Abel WE KNOW EVERYTHING | Sujet: Froide et profonde est ta maison: Abel Mer 29 Juin - 13:52 | |
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Douces bribes qui dérivent
Le soleil englobe la terre de ses rayons, l’astre stagne dans l’immensité du ciel, immobile, fixe, presque hautain. Du moins c’est ce que pense Abel en portant ses yeux vers lui, sa vue se trouble, une douleur la conquit. L’ombre s’affaisse, l’ombre se baisse. Elle préfère la nuit. Elle flâne, l’ennui prend le contrôle de ses sens, la lassitude s’empare à nouveau de son cerveau, vient à point son absence. Abel cherche une distraction, Abel jauge les environs, l’ombre clopine comme une fillette, ses prunelles se posent sur tout ce qu’elles ont l’occasion de croiser. Ses bras s’élèvent dans des formes tortueuses lorsqu’elle essaye de s’accrocher aux feuillages qui se profilent. La chaleur est absorbée par son scalp, la fièvre grimpe en elle, l’eau perle sur son corps empli d’une ardeur soudaine. Ses pas lestes se pressent, son allure accélère comme si elle suffoquait, comme si elle voulait s’en aller, partir, loin et vite.
Elle s’arrête, cette ombre que nous suivons, stoppe net devant une étendue d’eau inconnue. Abel la détaille, elle la scrute avec attention cherchant une autre ombre. Une âme esseulée qui réside ici bas, oui bas, dans ses profondeurs abyssales, dans ses eaux troubles, se terre un être loyal.
L’ombre patiente, dressée, fixe, elle attend un signe, un mouvement. Mais rien, rien ne se profile, rien ne ressort de cet immense bassin, Abel s’abaisse, ses doigts effleurent cette eau réchauffée par les doux rayons de l’astre qui illumine le monde. L’étoile en question avait fait là une prouesse, l’eau glaciale et inhospitalière avait laissé place à une autre tiède, presque chaleureuse. Ses doigts s’enfoncent dans le liquide, ses paumes caressent la surface, elle avait beau être chaude elle n’en était pas moins trouble, cette eau. Abel l’appelle.
Le voilà, ce monstre. Il s’élève dans un bruit tonitruant, laisse ses tentacules se disperser au gré de ses envies. Ses bras envahissent le ciel et conquièrent la terre, sa gueule s’approche imperceptiblement de la jeune fille qui lui fait face. Un sourire pince les lèvres d’Abel, une main se dresse soudainement et saisit le bec de la bête avant de le caresser mollement. Une vielle connaissance, un ami précieux, muet mais dévoué.
L’ombre mire la bête, la bête fixe l’ombre, une tirade inaudible s’échange, Abel mande. Le monstre s’écrie, surpris. Abel s’étire, elle renouvelle sa requête désuète. Kraken accepte avec ardeur. Les eaux l’attirent, il replonge emportant un lourd secret de plus avec lui, il s’enfonce dans la froideur…
La bête s’en va, l’ombre reste, ses yeux se posent sur l’horizon, son cœur est apaisé, son tourment n’en était pas un, sa joie n’est que poudre aux yeux. Mais cela lui suffit, Abel s’égare, jetant quelques regard sur le lac dont elle se sépare.
« L’abysse attend, elle dévore les environs de ses yeux discrets, elle appelle les âmes qui s’égarent auprès d’elle, les attirant inexorablement. Elle souhaite les voir s’écraser contre son faciès, elle lèche ses babines d’écume, mire sa joie lorsque dans ses entrailles tu te noies. Fixe son dépit lorsque tu essayes de te débarrasser d’elle. Avide de chair, de peine et d’abandon, elle t’appelle en son nom, au nom de la gloire, au nom de l’or, il te désire tu le désires plus encore. Il patiente, tapis dans le silence…
Je guiderai vos âmes tourmentées. »
Crayonnés sur une planche innocente, ces mots flottent doucement.
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